EN QUETE DE SOI - Episode #5

L'éducation et ses injonctions castratrices

Je fuis le monde incompréhensible des adultes avec des jeux artistiques, qui sont pour moi une sorte de refuge face à l’incompréhension de ce corps qui se transforme et que je n’accepte pas, le cachant sous des pulls immenses.

J’ai en effet la chance de pratiquer le piano et le solfège au conservatoire de musique. Mais la discipline et le côté conservateur ne m’aident pas à m’émanciper vers une autonomie créative. Après un cycle complet jusqu’en fin d’étude et une mention sur mon parcours, j’abandonne quand même mon instrument pendant de longues années, un peu dégoû- tée par le solfège et l’incapacité à jouer autrement qu’avec une partition.

J’aspire déjà à la liberté créative, même si je ne le sais pas encore… Et je ne m’autorise pas à sortir du cadre. La partition sinon rien…

Je pratique également le sport de manière intensive, dans une équipe de gymnastique aux agrès de la Fédération française. Mon envie de me dépasser se renforce avec l’envie de gagner des compétitions et des médailles. C’est ainsi que se poursuit mon apprentissage de la vie : pour vivre, tu dois obéir aux règles, tu dois te battre et être en compétition avec l’autre. Je reçois un entraînement austère où la discipline m’apprend la persévérance pour atteindre mon objectif : devenir la meilleure pour vaincre mon adversaire. Le principe de la compétition.

J’ai donc le souvenir d’une éducation basée sur la discipline et peu sur l’encouragement. Éventuellement un peu de réconfort très furtif si j’obtiens une médaille, une coupe ou un diplôme… Et encore, je ne garde pas de souvenir de joie lors de mes « réussites ». Est-ce la pudeur ou la difficulté à exprimer les sentiments qui fait que je grandis dans une insécurité émotionnelle qui ne me quittera pas pendant des années ?

Je comprends aujourd’hui d’où je viens, ma lignée paternelle et maternelle et, avec le recul, je ne peux que pardonner. Je souhaite être claire sur la question : je ne condamne pas mes parents, ignorants, comme je le disais, des enjeux engendrés par leur désir de garçon. Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Et sûrement que, si je me place d’un point de vue spirituel, si je considère que nos âmes, avant de naître dans cette réalité terrestre, choisissent de s’incarner dans une famille, que les enfants ne sont pas le fruit d’un hasard mais d’un choix conscient pour faire évoluer leur âme, alors mes parents ont joué leur rôle. Dans certains courants spirituels, nous parlons de différents plans de conscience permettant à notre âme de vivre autrement que dans un corps physique. Mais ceci est un autre sujet que j’aurais l’occasion d’explorer plus tard dans le récit…

Nos âmes, avant de naître dans cette réalité terrestre, choisissent de s’incarner dans une famille… les enfants ne sont pas le fruit d’un hasard mais d’un choix conscient pour faire évoluer leur âme.