EN QUETE DE SOI - Episode #23

Leçons des plantes sacrées

J’ai partagé quelques expériences dans mon livre. Je pourrais vous les détailler ici mais je crois que cette expérience est si intense qu’il est difficile d’en extraire la substance avec des mots car les visions sont si denses que même les mots sont limités. Je préfère donc vous partager les leçons des plantes sacrées que j’ai noté sous forme d’extraits du livre.

Pendant 21 jours, je vais principalement explorer la plante ayahuasca. Mais il y aura aussi des plantes pour purger les intestins, renforcer le squelette, nettoyer d’autres situations… Il y a des jours avec des visions extraordinaires et agréables, d’autres sans vision mais un ressenti désagréable dans le corps, ou encore d’autres où je m’endors et rien ne semble se passer… Chaque soir est unique. Voici donc quelques moments que j’ai envie de partager.

#1 – J’en ai marre de vouloir comprendre. Je commence à avoir envie de laisser faire les choses. Être ici donne envie de mordre la vie à pleines dents à mon retour. Comme si cette expérience extraordinaire me faisait apprécier le quotidien ordinaire. Le bonheur n’existe que s’il est partagé. Les témoignages en sont la preuve. Le reste du temps nous voyageons dans nos consciences. Certains ont l’air de dire qu’ils arrivent à faire de la télépathie entre eux. Je n’en suis pas encore là !

Tout ce qui m’intéresse dans la vie, ce n’est pas de vivre des choses extraordinaires mais de vivre en conscience dans l’amour et la joie.

Pourquoi continuer à me violenter en voulant tout résoudre ? Pour continuer d’ouvrir mon cœur? Un peu d’aide ne me ferait pas de mal. Le chamane me surprend. Je ne sens pas sa présence rassurante. Sous la plante, je me sens livrée à moi-même. Comme dans la vie. Seule. Quelle souffrance. Pourquoi prendre cette voie? L’être humain m’apparaît parfois comme un être assoiffé de violence qui s’est dicté des codes civilisés pour ne pas s’entre-tuer (enfin si on veut !). Cette violence latente, je la sens ici aussi… Les gens, avec leurs discours sur l’amour, me font sourire. C’est sympa d’en parler. Mais le tout est de le vivre. Je suis fatiguée de la violence et de la rigidité. Certainement mon propre miroir qui se reflète dans le regard de mes complices d’aventure.

Prendre ce breuvage tous les soirs me fait penser à une punition, un supplice. Ce n’est pas le chemin de la douceur. Un sacrifice sur l’autel de mon ego ? Je le connaissais mal, alors. J’étais venue ici dans l’espoir d’avoir plus d’amour envers moi pour le donner davantage aux autres. Je ne vois pour le moment que violence.

J’aimerais tant m’accepter telle que je suis. Imparfaite. Mais ça. Je ne connais pas. J’ai le souvenir du « sois forte », cette injonction enracinée dans ma mémoire créant l’impossibilité de la vulnérabilité.

Est-ce donc cette vulnérabilité refoulée qui s’est transformée en violence? Ce monstre à deux têtes sorti de mon corps? Ce déni de ma faiblesse? Ai-je le droit de faire des erreurs ? D’être imparfaite ? De tomber ? Jusque-là, je ne me l’autorisais donc pas ?

Ces quelques mots griffonnés en toute hâte provoquent un flot de larmes impossible à contenir. Comme un bébé, prise de convul- sions, la petite fille que j’étais peut enfin pleurer toutes les larmes de son existence. Elle a le droit d’être imparfaite. Elle a le droit à l’erreur… Elle a le droit d’être rassurée, cajolée. D’être une enfant. Juste une enfant. Celle qu’elle a oublié d’être. Trop vite adulte. La lumière s’est éteinte. Il est temps de la rallumer…

En journée, des souvenirs remontent comme des pièces de puzzle qui se remettent en place sur le grand échiquier de la vie. Il y a un fossé entre comprendre et ressentir.

Ici, je vois combien mon approche trop intellectuelle de la vie crée barrières et mur de protection, une sorte de frontière invisible entre mon cœur et les autres. Pourtant, je pensais être ouverte et réceptive. Intellectuellement oui. Mais maintenant, je sais faire la différence. Je sens

Le corps s’allège en même temps que l’esprit. C’est incroyable, comme sensation. L’un ne va pas sans l’autre.

Je vois combien l’environnement impacte fortement sur cette capacité à ressentir. En ville, dans des mégapoles comme Paris, l’obligation de se protéger pour pouvoir supporter autant de monde sur une petite surface implique forcément des barrières qu’ici, je peux observer et faire sauter.

La nature offre sa générosité et son écrin pour laisser déployer la vulnérabilité sans peur d’être dévorée par un ennemi, comme on peut l’être dans la jungle urbaine. Ici, le temps ne compte plus. Désintoxication digitale, physique et émotionnelle pour casser habitudes et mauvaise hygiène de vie.

L’habit tue de… quoi ?

#2 – Je suis loin d’utiliser mon plein potentiel. La capacité cérébrale va au-delà de tout ce que je peux imaginer. Ce sera la nouvelle conquête du siècle, j’en suis convaincue. Alors autant en savoir le plus possible pour ne pas se faire manipuler.

J’ai envie de connaître ce talent de pouvoir lire la pensée de l’autre. Quel gain de temps pour vivre, travailler, créer avec confiance.

Je ne dois donc plus avoir peur de la plante sacrée. Même si elle me parle à travers des visions incompréhensibles pour mon cerveau rationnel, je sais qu’elle parle à mes mémoires, à mon ADN, lui donnant des codes pour ouvrir d’autres espaces inconnus. Il faut lui faire confiance.

 

 

#3 – Assise sur le sable près de l’eau, les cheveux au vent, je respire en profondeur pour commencer le feu digestif de la nourriture ingérée en douceur. Les sens décuplés, je perçois le moindre battement d’ailes d’un oiseau dans le ciel. Je lève la tête. Un aigle plane au-dessus du centre, très haut dans le ciel, dans une danse circulaire, observant de ses yeux vifs, cette espèce humaine en agitation sur le sol. J’ai l’impression qu’il me regarde. Pourtant il vole très haut. Mais j’entends ses battements d’ailes avec une précision impressionnante. Je deviens l’aigle. Il est en moi. Je l’aime.

Fermant les yeux, l’aigle revient dans un autre paysage. Celui d’Indiens d’Amérique du Nord. Je les vois avec cette capacité à entendre à distance l’arrivée de leurs ennemis. Leur conscience affûtée par cette connaissance de la nature. L’eau du fleuve me remet les pieds sur terre. Un poisson saute hors de l’eau. Les sons se superposent, créant une mélodie, une symphonie à plusieurs pupitres où chaque élément joue sa partition. La musique de Dame Nature. Une telle beauté.

#4 – La sensation d’être vidée de toute énergie pourrait provoquer en moi une méfiance vis-à-vis de cet enseignement. En étant sans énergie, nous sommes influençables et malléables à la croyance. Mais pourtant, personne ne me dit comment penser. Chacun est invité à reprendre le pouvoir de sa vie, à ressentir cette force de vie sans passer par un intermédiaire. Ce qui éloigne l’hypothèse d’une secte. Ici pas de gourou, juste un guide pour éviter de nous perdre dans cette drôle d’aventure. D’ailleurs en voulant être protégée, je cherche une sorte de « gourou » protecteur, ce que refuse le chamane.

Notre responsabilité est de devenir des êtres libres. Apprendre à nous aimer sans la validation d’une tierce personne, sans le besoin d’être sauvés par qui que ce soit, si ce n’est, soi-même. Apprendre à nous estimer sans nous comparer ni nous juger, apprécier la vie, la beauté et l’instant présent, demander de l’aide au Ciel et à la Terre en l’appelant par le nom qui nous convient mais avec une foi absolue que cela sera entendu, accueillir ce qui vient.

C’est le message qu’est venu délivrer le prophète Jésus, comme d’autres grands sages sur tous les continents.

Même seuls, nous ne sommes pas seuls à celui qui sait demander.

#5 – Réveillée par l’orage, je sors dans la cour. La pluie fine coule sur mes vêtements. J’enlève tout, ne gardant que le maillot de bain pour laisser glisser les perles d’eau. La danse de la pluie. Comme une coupe recevant le nectar de l’eau, elle me purifie, alimente mes cellules, capture l’information qui circule dans l’invisible.

Tout est information et demande à être entendu et respecté. Entre Terre et Ciel, le Saint Graal magique peut recevoir l’eau du haut et la vapeur de sa terre.

Je ne sais pas pourquoi ces mots « Saint Graal » ne cessent de venir à mon esprit.

J’ai l’impression que nous passons notre vie à chercher un trésor à l’extérieur de nous alors qu’il se cache en nous, là où nous ne pensons pas le chercher, ayant été contaminés par cette pensée que nous ne sommes que de pauvres pêcheurs bien incapables d’accueillir pareil trésor.

Et si le Saint Graal était ce corps, ce réceptacle à la vie, aux sens, ce véhicule de l’expérience charnelle permettant l’expérience spirituelle ? L’esprit grandirait-il à travers un corps à habiter ? J’ai l’impression que oui.

#6 – Allongée, les visions arrivent. Je perçois un message sur un rendez-vous important manqué il y a vingt-six mille ans! Je ne sais pas qui me parle mais j’entends clairement une sorte de voix m’expliquant une ouverture cosmique de l’espace à cette époque que nous avons ratée. Ce qui nous a conduits à rester dans cet univers électromagnétique, une sorte de voile entre la matière physique et l’antimatière, le non phénoménal. On dirait que je perçois un souffle d’informations sans mot. Plutôt un échange d’énergies de conscience à conscience, c’est très difficile à expliquer.

Puis, j’entends le mot apocalypse cosmique. L’état fusionnel entre notre corps physique et éthérique. L’union avec mon double de lumière!

Quoi ? Je suis donc un hologramme? Un double de cet être éthérique supposé être moi ? J’ai le vertige ! Pourquoi me donner autant d’informations dont je ne saurais que faire ? Mais la curiosité est plus forte que la peur.

À nouveau, des images apparaissent pour me montrer notre monde réel et un monde virtuel. Nous aurions en mémoire la nostalgie de cet autre monde derrière notre nature voilée par un champ électromagnétique. Incroyable!

Je reçois un enseignement en direct. La plante a donc le pouvoir de m’enseigner. Je crois que c’est elle qui me parle. Serait-elle en train de me faire comprendre la raison de ma venue à contrecœur au pays des esprits?

Je perçois des images toujours suivies de compréhension sans mot. Exceptionnel.

On dirait que j’ai accès à une connaissance universelle.

#7 – Je vois la terre au début de son activité avec le programme minéral. L’univers se met en acti- vité pour créer la forme.

Puis le programme végétal. Dans cet espace-temps, toute vie est reliée et en a conscience. Adam et Ève semblent vivre dans cet Eden cosmique, ce monde immuable, éternel.

Puis le programme animal se présente sous le symbole d’un serpent. L’individualité, la séparation, le désir s’incarnent dans l’être humain.

Tout s’enchaîne très vite. Impossible de me souvenir de chaque image. On dirait que cette « chose », cette « voix » veut imprimer de l’information dans mon cortex cérébral. Pourquoi ? Et la voix me répond :

« Tu n’es pas là pour comprendre mais pour extraire de l’information, te purifier et créer! »

Je suis rassurée. Merci. Autant de connaissances acquises en une fraction de seconde, c’est un peu trop pour la pauvre mortelle que je suis. Quelle soirée !

#8 – Ma soirée d’adieu à cette expérience

Rassurée par les dernières visions, je prends le breuvage en toute confiance. Et pourtant… Ne jamais se croire arrivée au bout du chemin… Aspirée dans un trou noir, j’ai si peur. Je veux crier mais le son ne sort pas. D’ailleurs, le son n’existe plus. Je sais que j’ai crié « au secours » car je vois les mots s’afficher dans l’écran noir de ma conscience. Mais les lettres s’effacent une à une, pour ne plus avoir aucune forme, aucun son, aucune couleur ni aucun espace.

Je vois défiler toute ma vie comme un rêve qui n’aurait pas existé. Jusqu’à cette maloca, ces gens, ma famille. Rien n’existe. Un rêve éveillé. Par contre, la conscience dans laquelle je ressens ce vide intense, ce trou béant tout noir sans vie, me semble être la véritable réalité.

Sur terre, ma vie ne serait qu’un hologramme projeté de ma conscience pour vivre une expérience. Une vie virtuelle de mon être éthérique venant sur terre pour expérimenter la création à travers les sens physiques.

J’ai l’impression d’être tout et rien. Un vide absolu, seule au monde. Le néant, la vacuité dont parle le bouddhisme. Seule dans l’univers. Une sensation de conscience absolue sans aucun sens.

Impossible de décrire ce que je vis avec des mots… Impossible. Suis-je morte ? Je n’ai aucun repère. Plus de haut, plus de bas, plus de gauche ni de droite. Rien. La pire nuit de ma vie, si tant est que je sois encore vivante à cet instant.

Je cherche un objet autour de moi qui pourrait me ramener dans l’autre réalité. Ma cuvette ? Où est-elle ? Mais elle a fondu aussi au début de l’expérience entre mes mains, devenues elles aussi énergie puis poussière… puis plus rien. Plus de corps. Plus de vie. Je suis volatilisée quelque part. Il ne reste que l’esprit.

Je ne sais pas combien de temps a duré cet enfer mais lorsque je retrouve la sensation de mon corps, je perçois d’abord des formes floues. On dirait que je réintègre ce corps, ce programme vivant dans lequel je dois réapprendre à vivre. Les yeux ouverts, j’ai l’impression de revenir d’un long voyage où les codes étaient différents de ceux terrestres.

Je ne sais plus marcher. Je n’arrive pas à bouger. Des femmes s’activent autour de moi. Que se passe- t-il ? Je découvre qu’une femme est en train de me… nettoyer ? Pardon ? Je ne comprends pas. Trois personnes m’attrapent par les bras. Je comprends avoir vomi mes tripes sur mon chandail.

J’avais vu d’autres personnes vivre cet état de légume avancé. Comme un handicapé dans l’incapacité d’utiliser son corps. Avec un effort surhumain, j’arrive à me changer. Cela prend des plombes. Ce que j’arrive à faire en cinq minutes me demande une concentration de folie. J’ai l’impression d’avoir été lobotomisée. Une femme s’occupe de moi, me dit de ne pas avoir honte.

J’arrête. Je ne reviendrai plus jamais. Je ne veux plus me sentir si seule et démunie face à autant de vide intersidéral. Plus rien n’existait. Comment savoir où était la réalité? Cette vision du vide, du rien, du néant, est-ce ce qu’on appelle l’illusion ? Je n’ai plus envie de me faire subir ce lavage de cerveau. Trop violent pour moi. Je ne veux plus jamais revivre une telle expérience traumatisante. Même si la vie peut paraître futile et vide, essayant de la remplir tant bien que mal, je préfère encore vivre cet « enfer » terrestre que ressentir à nouveau ce chaos total de mes nuits sous Ayahuasca.

Ces mains qui fondaient, ce corps, ces pensées, nulle part où me raccrocher. J’ai eu beau appeler à l’aide, personne n’est venu me secourir.

Mes intuitions avant le départ me criaient que je n’étais pas prête pour ce genre d’aventure. Je ne me suis pas écoutée. Comme d’habitude.

Chacune de mes intuitions semble savoir mieux que quiconque ce qui sera juste pour moi. Je n’ai pas à attendre qu’un maître décide pour moi. C’est terminé. Mon mental va faire encore plus blocage, j’ai perdu toute confiance, je ne peux plus lâcher prise.

 

 

CONCLUSION : Je comprends pourquoi je suis venue. Pour mesurer tout ce chemin guerrier que j’ai parcouru dans la lutte ou la fuite. Parce que je n’acceptais pas qui j’étais, ni la société dans laquelle je vivais.

J’ai grandi avec une inconnue appelée féminité. Personne ne m’a montré ce que c’était que d’être une femme. Avec la clarté de mon cerveau purgé de ses toxines, je vais guérir. Je veux devenir Femme. Je sens l’appel de la vie, de la créativité.

Je laisse ma virilité sur ces terres péruviennes pour naître à nouveau comme la femme que j’ai toujours été.

C’est fini. J’ai attendu ce moment dès le premier jour et maintenant que j’y suis, la gratitude d’avoir vécu cette expérience domine. Le nettoyage intense semble avoir fonctionné.

Je me sens propre, claire, confiante, aimante, accueillante, libérée. Heureuse. Légère comme jamais je ne l’ai été. J’ai l’impression d’être un poids plume. Physiquement et mentalement.

Les fruits de cette aventure ont mûri pendant ces vingt et un jours pour se déposer dans mon ventre, siège d’émotions apaisées. Je ne regrette rien. Je ne reviendrai pas, mais je l’ai fait. Je peux être fière d’avoir été au bout de cet enfer. Même si j’ai eu du mal à lâcher prise, j’ai eu le courage d’aller au bout. Voilà ma victoire.

J’ai ouvert le champ des possibles, nettoyé des mémoires, travaillé sur ma lignée familiale. Gratitude d’être en vie.

Ne plus jamais oublier combien cette vie est précieuse, tout comme la terre qui m’accueille en son sein. Je suis convaincue d’aimer ma mère la terre comme ma mère intérieure, qui à son tour, va aimer l’enfant intérieur, la petite fille que j’ai été. Car je suis née fille, je vais devenir femme.

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