EN QUETE DE SOI - Episode #19
Les voyages en état modifié de conscience
Je ferme les yeux et commence à partir dans la transe
Je vois Loup Blanc et son tambour revenir en cadence
La musique universelle traverse les âmes et les saisons
Je sais maintenant que cet Indien Loup Blanc et ses chansons
Hantent mon esprit et mes cellules à chaque percussion
Car un loup ramène au clan ses âmes égarées avec compassion.
Extrait du poème/slam « Hommage à un Loup Blanc », EstElle Penain.
Après une approche imprégnée par le soufisme et l’advaita du Pr Amrani Joutey, j’explore les soins esseniens, amérindiens et christiques. Différents thérapeutes, chamanes et guides spirituels vont m’accompagner dans ce voyage intérieur en état modifié de conscience.
Je viens d’apprendre que nous avons tous un pouvoir de guérison entre les mains qui n’est pas exploité parce que nous en sommes ignorants. Je repense à ma vie antérieure et à mon expérience au sein des Esséniens… Je décide donc d’apprendre comment utiliser mes mains pour faire du bien aux autres… La Parisienne qui travaille dans la promotion culturelle à ce moment-là ignore totalement que sa vie va prendre un nouveau tournant. Me voilà dans un enseignement spirituel.
Je découvre les trésors de la méditation poussée, apprenant à manger dans le silence et à observer l’instant présent. La connexion avec la nature permet de comprendre que je l’aime, cette nature, mais si souvent absorbée par le mental, j’en oublie de regarder autour de moi. J’apprends à manger, à respirer, à marcher, à danser, à chanter et à méditer en pleine conscience. Je prends contact avec la présence, l’être en moi immobile et immuable, la part divine qui sommeillait depuis toujours… Je ressens un apaisement profond. Même davantage qu’un apaisement. Une sérénité inconnue auparavant. J’apprends à transformer le plomb en or à travers mes mains. L’or pranique coule entre mes membres pour redonner au corps sa fonction naturelle d’auto-guérison.
« La plus grande force du corps humain est sa capacité d’auto-guérison, mais cette force n’est pas indépendante de notre système de croyances… Tout commence par une croyance. »
Albert Einstein
Je ne sais pas de quoi je me guéris, à part d’une mélancolie récurrente. Je cherche un sens à ma vie. Et je crois l’avoir trouvé. Rencontrer Dieu, être en présence avec la Source, voilà maintenant mon chemin. Je ne veux plus comprendre avec ma tête. J’en ai trop sous le capot cérébral. Et ici, on me propose ce voyage dans l’invisible, que j’appelle l’inconscient.
Je découvre combien mon cœur est blindé, entouré de barbelés invisibles qui empêchent l’amour d’éclore par trop de méfiance. À force de prendre des coups, je me suis blindée derrière une sacrée armure.
C’est vrai que depuis dix ans j’enchaîne les relations amoureuses, mais ne trouve pas mon bonheur. Serait-ce à cause de ce cœur trop endurci ?
J’apprends aussi à m’aimer. Parce que je viens de découvrir que je ne m’aimais pas beaucoup. Je faisais semblant. M’en rendre compte me met d’ailleurs une sacrée gifle. Mais l’amour qui juge, critique, condamne n’est pas de l’amour. Or, à observer et écouter ma voix intérieure, j’entends mes démons se cogner aux parois de ma conscience pour mieux les laisser s’exprimer et enfin m’en libérer.
Il faudra des années pour les entendre, les accepter et leur laisser la place d’exister afin de peler l’oignon de ma conscience jusqu’à atteindre le diamant brut : la Source de Vie. L’amour du Soi. Inconditionnel et intemporel, au-delà de tout.
Mais je reste le fruit d’une éducation et d’une société où tout est conditionné pour l’excellence, et qui rend accro aux thérapies, au sport, au sexe, à la gloire, à la récompense, aux « likes » sur Facebook, à tout ce qui nous donne l’impression de devenir meilleur ou d’être aimé. Et je suis tombée dedans comme Obélix dans sa marmite de potion magique.
Je suis droguée à l’idée de m’améliorer à tout prix, au lieu d’apprendre à m’aimer. Mais comment s’aimer quand on passe son temps à vouloir être autrement que soi ?
Alors, après la boulimie de la compréhension mentale dans le développement personnel et la psychothérapie, me voilà sur un nouveau chemin, dans lequel je m’engouffre avec la même frénésie. J’y passerai des années avant de trouver ma propre guidance intérieure. Le manque de confiance en soi est un vrai poison, il faut croire que nous ne sommes pas capables de penser par nous-mêmes.
Est-ce la religion qui nous a conditionnés, avec sa notion de « pêcheurs » qui doivent se repentir ? Je pense que les croyances réduisent notre capacité à penser par nous-mêmes. Et moi, je veux me sentir libre. C’est sûrement pour cela que je n’ai jamais ressenti l’appel d’une religion en particulier, mais plutôt une attirance pour la spiritualité libre.
Ma seule religion, c’est l’amour. Et pour le moment, j’apprends à aimer.
Au septième niveau d’enseignement, une sorte de rituel est pratiqué, comme un baptême initiatique d’une grande puissance. Je ne raconterai pas les détails, car cela doit se vivre pour être compris. Je peux juste dire qu’il y a un avant et un après. Comme si j’entrais dans une conscience plus souple, plus douce, plus aimante. Une ouverture du canal prêt à recevoir l’énergie divine.
Je suis au début du chemin, réalisant le trop-plein de rigidité en moi, ce contrôle inhérent à la peur de vivre. Le chemin spirituel m’ouvre un espace de liberté qui n’appartient pas à la volonté, à l’effort.
Plus je médite, plus je laisse la lumière pénétrer en moi.
Le Pr Amrani Joutey dirait « l’information ». Ce ne sont que des mots. Mais je ressens cette lumière laiteuse pénétrer en moi par le chakra de la tête, comme une mère donnerait sa nourriture à son enfant. Je reçois la mienne par ce canal coronal.
Nous pratiquons plusieurs fois des diètes à base de riz ou de raisin pour détoxifier le corps et, grâce à la nourriture pranique, nous ne ressentons ni fatigue ni faim. C’est extraordinaire.
Par la suite, je serai apte à pratiquer des soins énergétiques, ce que je ferai pendant quelques années. J’aurai la chance de voir combien cet acte sacré peut contribuer au bonheur de l’autre. Sans intention, juste en laissant la lumière œuvrer à travers mes mains… J’observerai que les personnes qui viennent à moi, sont toujours à un moment de leur vie où je peux les aider. La loi d’attraction fait son œuvre de manière formidable.
Les voyages dans différents états de conscience que j’explore sont empreints des traditions de plus de quarante mille ans, à l’origine des cinq grandes voies d’éveil : le chamanisme, l’hindouisme, le bouddhisme, le christianisme et le taoïsme. C’est en dehors des religions. Ici point d’intellectualisme, juste de la pratique. Pour une cartésienne comme moi, cela demande de dépasser les croyances.
Pendant des années, je me rends à des initiations. où j’ai l’impression de vivre différentes facettes du masculin et féminin dans lesquels je me retrouve. Des miroirs pour traverser ces polarités qui habitent mon âme…
À chaque initiation, c’est la même chose : une grande difficulté à entrer dans le silence intérieur. Parce que nous méditons longtemps. Si longtemps que mon corps en souffre. Puis, peu à peu, le corps s’assouplit en même temps que l’esprit. À moins que ce ne soit le contraire. Ce qui est certain, c’est que les deux communiquent. La souplesse d’un corps en dit long sur le mental.
La raison ne clarifie pas assez ma soif de compréhension. J’ai senti le besoin de quitter le pragmatisme obtus et têtu pour glisser doucement vers l’autre versant de ma conscience. Pour sortir de ma caverne de Platon, il va falloir me perdre dans les tréfonds de mon âme, affronter les épreuves, retrouver l’essentiel, me débarrasser du superflu et enfin, vivre ! Mais la liberté a un prix… Celle de dépasser les peurs pour trouver la paix intérieure.
Voilà l’intérêt de ce travail intérieur. Faire tomber les masques. Extraire les schémas récurrents de l’inconscient vers le conscient pour mieux les accepter et les dépasser. Vivre selon Soi et non plus dans les fantômes de nos lignées, nos sociétés, nos illusions. Et dans ces initiations, il ne s’agit plus de comprendre. Mais de vivre. Laisser sortir ce qui doit sortir. La violence à l’intérieur de mon corps et mon esprit semble quitter le nid dans lequel elle se cachait. L’agressivité en est son expression. Si je me sens incomprise ou rejetée, elle bouillonne dans mes tripes comme un animal déchaîné. Il faut l’évacuer.
Je surfe sur la vague de la spiritualité pour apprendre à me laisser guider par une force supérieure capable de me métamorphoser et parce que mon âme a soif de vérité…
Je veux la paix, sans me soucier de demain, avec la confiance que tout s’agencera parfaitement pour moi, voilà mon objectif.
Ce manque de foi entraîne une insécurité traduite par une vie remplie de questions. Fatiguée, usée par la lutte, je ne comprends plus cet environnement où apparemment seul le travail définit qui tu es. Je réalise que je suis très en colère contre la société. Trop de consommation, trop d’apparence, de superficialité.
La spiritualité passe par le corps physique. Finie la vie de labeur, la vie où il faut ramer pour réussir. Elle ne m’a apporté ni réussite ni paix. Au contraire, j’ai traversé la souffrance, le manque, la tristesse, le désespoir, parfois la faim, la solitude, les larmes…
Aujourd’hui je mérite de vivre l’autre versant de la pièce : la fluidité, la facilité, la joie, le plaisir, le partage, l’amour, l’al- légresse, la passion, la béatitude… Une sorte de valse entre polarités ou dualités, diront certains…
Je préfère parler de deux énergies complémentaires. Il est nécessaire d’accepter la totalité de mon être et celles des autres avec nos qualités et nos défauts.
L’ego érige un mur de peurs pour empêcher la lumière de passer. Je veux casser ce mur. Alors, j’apprends à entrer en moi.
La méditation apprend à observer le flux des pensées et il est de bon ton de dire qu’il faut les regarder passer sans s’y attacher. Facile à dire. Il faudra des années avant de trouver l’apaisement. Au début du chemin, c’est juste impossible. Je me croyais zen. Je suis pétrifiée. Petit à petit, l’inconscient me renvoie mes limites. Travailler sur l’ego devient une étape décisive pour mon évolution vers la liberté d’être car il manipule mentalement et émotionnellement par des envies dans tous les sens. Et une fois qu’elles sont assouvies, il en redemande. L’ego, ce roi du monde, fait tout pour que j’ignore ma véritable nature : un être divin venu expérimenter la matière et non l’inverse. (J’ai beau me le répéter, je n’en suis pas convaincue à cette époque de ma vie.)
La connaissance apporte la liberté et éloigne l’ego. Il n’aime pas ça. La réelle guérison passe par la possibilité à se remplir d’amour soi-même. La méditation apporte cette solution.
Mais entre la théorie et la pratique, il y a un monde. Et ce monde demande du courage, de la discipline et de la continuité. J’ai l’impression de mener une guerre avec ce mental.
Les voyages au tambour chamanique sont des nettoyages d’une grande puissance autant pour le corps que pour l’esprit.
Un jour, durant une initiation, au son du tambour, les vibrations dans mon corps résonnent en profondeur. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale puis descend jusqu’aux pieds. Ce rythme puissant, profond, rond crée une onde persistante qui s’infiltre jusque dans les os. La cadence augmente. Doucement, le bassin se met à se mouvoir. Je me concentre sur ce mouvement. Je ne pense plus. On dirait que j’ai quelque chose en moi d’incontrôlable. Le tambour me projette des années en arrière, à l’époque où j’allais en « rave » dans la nature. La musique tribale s’est invitée dans la technologie, mais le fond est resté. Une sorte de rappel à ma mémoire de liens ancestraux que réveille cet instrument. Surprenant. Je veux prendre ma dose, mon shoot pour partir au septième ciel, mon envolée extatique, ma quête d’absolu comme lorsque je courais ces fêtes techno pour libérer mon corps d’un poids, pour m’envoler dans l’extase du son et de la drogue. J’ai vieilli. L’alcool et la drogue ne m’intéressent plus. L’ivresse, si. J’ai envie de goûter au mystère, à la magie des histoires racontées par Carlos Castaneda et Jan Kounen.
C’est très important de nous ancrer, surtout avec ce genre d’expériences.
Il n’y a rien de pire qu’un être spirituel en connexion avec le ciel mais complètement déconnecté de la matière. Cela en fait un être illuminé, qui ne peut s’accomplir dans cette réalité. C’est la même chose pour un être uniquement axé sur la matière et déconnecté du ciel. Il y a en lui un vide. Le but de ce travail est de trouver le centre (cœur), entre la terre (matière) et le ciel (spirituel). Voilà le chemin de l’humain divinisé, de l’humain amour.