EN QUETE DE SOI - Episode #41
De la dualité à la complémentarité
Après presque vingt ans de recherches intensives sur l’être, je ne suis pas encore tout amour parce qu’imparfaite, et qu’enfin je l’accepte. J’entends encore le mental me mettre des freins, sauf que maintenant j’en ai conscience. Je ne vis pas le bonheur en permanence, mais je sais comment sortir de l’état de mal-être. Je ne dis rien qu’on ne sache déjà mais j’apporte ma contribution par nécessité vitale. Je ne donne aucune leçon, mais j’apprécie de rendre ce que j’ai reçu et, ainsi, je participe à la respiration de l’univers. Je ne sais rien pour l’autre, mais je peux faire miroir.
Je suis une personne en chemin qui ose montrer sa vulnérabilité car je n’ai rien d’autre à offrir que mon moi transformé par la Vie. Personne ne sait ce qui est juste pour vous. C’est pour cela que nous ne pourrons jamais tous nous comprendre. Seulement nous accepter.
La route de l’autre peut faire écho à la nôtre. C’est ce que nous cherchons dans le regard d’autrui, dans le partage, dans l’initiation spirituelle ou celle de la vie quotidienne. Un enfant, un vieillard, une femme, un homme, une enseignante, un politique, un ouvrier, un banquier, un athée, une musulmane, un catholique, un juif, une bouddhiste, un auteur, une athlète, une caissière, etc. Ce ne sont que des étiquettes mentales qui caractérisent un être ou une situation. Mais derrière l’étiquette, le jugement ou l’apparence, nous sommes UN dans nos différences. Nous sommes des âmes remplies d’amour, cachées derrière des montagnes de peurs.
Regardez un enfant ! Il naît et arrive dans nos vies avec ce regard d’ange. Il émane de lui une sagesse, pour qui sait le voir. Nous naissons amour.
Et un jour, on nous dit : attention, à trop aimer on souffre. Qu’à trop rire nous nous faisons remarquer, qu’à trop briller nous faisons peur. Et alors nous nous éteignons à notre beauté déjà présente. L’arrivée de la mort précipite certains dans un océan d’effroi, celle de l’incompréhension qu’ils ont eue de la vie.
Pourquoi passer sa vie à lutter ? Parce qu’on nous l’a appris. Parce que nous sommes restés animaux dans le rapport de domination, alors que nous avons une conscience tellement plus évoluée.
Réapprendre à être cette enfant pleine de joie et d’amour, mon état naturel, m’a demandé de faire tout un chemin spirituel. Personne ne doit traverser l’océan, prendre des plantes, être initié par un maître s’il n’y est pas poussé par un appel du cœur.
Chacun de nous doit trouver sa propre route, à l’écoute de son cœur. Ce qui me paraît commun, c’est la nécessité de guérir nos polarités blessées par des années de guerres de religion, de sexe et de territoire.
Je crois qu’en guérissant notre féminin, nous offrirons un espace sécurisé pour que le masculin puisse se déployer dans toute sa splendeur, dénué de violence, pour construire un monde plus respectueux de nos valeurs humanistes.
Les femmes peuvent contribuer grandement à ce changement nécessaire pour la survie de notre espèce. Nous pouvons prendre notre place et honorer la Vie, permettre aux hommes de vivre dans un espace sacré et sécurisant, portés tous deux par l’amour de leur complétude. Un héros et une héroïne…
Je prie pour qu’un jour, ensemble, nous puissions vivre à l’unisson sans peur de l’autre, parce que nous aurons fait le chemin de la tête au cœur. Et pour cela, il faut dépasser l’ange ou la bête en nous, l’ombre et la lumière, le bien et le mal. Sûrement le chemin de plusieurs vies. La destination semble la même pour tous et toutes. Mais les voies d’accès multiples.
La bonne nouvelle, c’est de savoir qu’il n’y a pas que deux options possibles : la dualité, le bien et le mal, l’ange et la bête. Il y a une troisième porte, très petite mais réelle. Voilà où se situe ma conscience actuelle. À l’orée de cette expérience. Je ne l’ai pas encore pleinement vécue. Je la conscientise, la comprends peu à peu et vous la partage. Cela deviendra sûrement un autre témoignage, dans quelques années. Quand j’aurai atteint l’éveil. Quand je serai devenue pleinement observatrice du moment présent, observatrice de cet être humain dans un corps de femme, s’appelant Estlle, jouant le rôle de sa vie dans un film appelé LA VIE, quand j’aurai suffisamment expérimenté la vision quantique qui dit que je suis LA SOURCE de la manifestation qu’on appelle LA VIE, quand j’aurai intégré qu’il n’existe rien d’autre que le moment présent et que dans la méditation, je peux goûter à cet état de présence puisque c’est ma véritable nature, quand je serai témoin du moment présent en permanence ne cherchant plus rien que ce qui est à chaque instant, quand je ne m’identifierai plus à ce corps, cette identité et cet ego, quand je serai éveillée…
Pour le moment, j’ai saisi que la conscience peut alchimiser le bien et le mal en regardant de près nos croyances et nos structures mentales dans la dualité, et ceci à travers un travail sur l’émotionnel. En gros, ne plus juger la vie en bien ou mal. Pas facile ! Car cela demande une intégrité totale et l’acceptation que je suis à l’origine de l’univers de dualité dans lequel je vis.
En gros, l’hypothèse quantique qui dit que nous créons notre univers à chaque instant. Le bien et le mal inclus. Nous alimentons son fonctionnement par nos pensées, notre façon d’être.
La société reflète nos consciences individuelles. Il y a donc une vigilance pour aller vers une vision élevée de l’être.
La plus grande maladie de l’humanité a toujours été l’ignorance. Nous vivons dans un monde qui nous paraît normal. Norme – mâle. La voie patriarcale. Il faut du courage et du discernement pour se réveiller et accepter que la voie unique entraîne un déséquilibre et des conflits. L’oubli et le rejet créent colère et rébellion.
Il est donc nécessaire de s’informer pour retrouver sa liberté. Pour sortir du concept duel, il faudrait arrêter de lutter pour une cause au détriment d’une autre. Réhabiliter la place du féminin ne se fera pas en supprimant la place du masculin. Il y a à accepter l’ensemble dans ses différences.
Dans le chaos dans lequel nous vivons, il y a un retour vers l’ancien et le religieux afin de trouver le salut dans la Foi par l’existence d’un Sauveur qui rétablirait la paix mondiale comme à une époque lointaine. Si j’entre dans le jeu de la peur, suis-je alors résignée à trouver ce Sauveur ou bien à me rebeller contre le système ? Dans ce cas, je nourris la violence mondiale. Si j’ac- cueille et accepte ce monde imparfait, je peux créer celui que je souhaite en utilisant ma véritable essence créatrice.
Quand ce n’est pas un retour au religieux, j’ai remarqué la fougue occidentale pour l’homme ou la femme médecine amazonienne. Au début, les toxicomanes rendaient visite à ces chamans d’Amazonie péruvienne pour s’arracher à la drogue. Puis l’engouement des Occidentaux a créé un tourisme chamanique inquiétant. J’ai fait ce chemin parce que j’avais reçu un enseignement en amont, qui m’avait préparée à ce voyage au-delà de notre culture. Mais je n’aurais jamais tenté cette aventure sans préparation, sans suivi, sans être accompagnée. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui face à cet engouement où tout le monde semble devenir chaman en un coup de baguette magique.
Je me méfie particulièrement de tous ces chamans occidentaux qui fleurissent partout sous prétexte qu’ils ont suivi un enseignement de quelques mois (et encore, je suis sympa, parce que certains veulent enseigner après une seule initiation).
C’est notre coupure à la nature, à nos rituels ancestraux, à nos traditions qui fait que nous avons soif de revenir vers l’essentiel. Mais devons-nous aller à l’autre bout de la terre quand on est né sur une terre européenne ? Ne pourrions-nous pas renouer avec nos anciens druides et autres traditions plutôt que de vouloir goûter à ce breuvage de plantes péruviennes ?
Je ne regrette pas d’avoir tenté cette expérience parce qu’elle faisait partie d’un enseignement global. Mais je ne prônerai jamais ce chemin à quiconque. Surtout pas dans le cadre de cette mode du néo-chamanisme à l’occidentale. Nous ne sommes pas faits pour endurer physiquement ce genre d’expérience, à la différence d’un sorcier amazonien qui a grandi dans cette tradition. Et puis, un chaman peut avoir une grande expérience des plantes sans pour autant être dénué d’un ego surdimensionné. Être chaman n’est pas à la portée de tout le monde. Il faut être capable de ne pas tomber dans le piège du pouvoir. Bien se renseigner, si vous sentez l’appel. Le bouche-à-oreille reste le meilleur moyen de savoir où vous allez mettre les pieds, ou plutôt à qui vous allez confier votre âme. Responsabilité suprême !!!
J’ai failli tomber dans le piège du New Age, qui cible l’émotionnel, en valorisant uniquement la lumière. Dans l’univers quantique, j’ai compris que les deux polarités reçoivent la même dose d’énergie de la Source. Elles ne sont pas en opposition, mais complémentaires.
Selon une loi physique, deux forces restent en équilibre si elles s’opposent avec la même force. L’ombre n’est peut-être que de la lumière sombre, siège de notre karma non libéré ?