EN QUETE DE SOI - Episode #25
Devenir Femme - C'est quoi être une Femme ?
« Je suis devenue Femme
J’ai entendu mon âme
Je suis devenue Femme
J’ai retrouvé ma flamme…»
Extrait de la chanson « Je suis devenue Femme », album Ô Féminin (auteure-interprète EstElle Penain, compositeur David Keler), présente sur le CD bonus
À force de travailler au contact des hommes, il semblerait que j’aie occulté une partie de mon être. Dans mon comportement, tout d’abord, je suis assez masculine. Au contact de Gaël, j’en prends pleinement conscience, comme si notre union me permettait de découvrir ce que c’est qu’être une femme. Pourtant, j’ai eu d’autres relations. Mais apparemment, celles-ci étaient plus ancrées dans la compétition et la rivalité. Avec Gaël, nous avons suffisamment mûri pour ne plus jouer sur ce registre. Nous souhaitons coopérer et nous soutenir dans la réalisation de nos êtres. Mais il nous faut pour cela réajuster nos polarités, comme je le disais. C’est une danse à deux qui s’engage.
Je réalise ainsi que depuis longtemps je m’habille souvent de manière unisexe, sans valorisation de mes formes, que je suis du genre à ne pas trop aimer faire les boutiques et que si j’y vais c’est vraiment parce que j’ai besoin de quelque chose de précis. Comme mes, amis masculins. Que je n’ai jamais fait ni manucure ni pédicure. Que j’ai oublié de prendre soin de mon corps. Que depuis toujours, mes amis masculins disent de moi que je suis un bon « pote », avec qui on peut prendre un verre au comptoir, sans séduction. Que je réagis au quart de tour si une personne pleure, voulant mettre ma cape de Zorro et la protéger.
Je me suis vue jouer au curé, en mariant des copines, ou aux billes, dans la cour d’école primaire plutôt que de jouer à la poupée ou à l’élastique par exemple.
Au travail, j’ai assumé des postes à responsabilités et je ne supportais pas de me retrouver aux emplois plus « féminins », comme le secrétariat, l’assistanat ou ce genre de stéréotypes bien ancrés dans ma tête, de manière inconsciente.
Avec les hommes, j’affichais un rapport de compétition, nous étions comme deux coqs confrontant nos connaissances, ce qui ne manquait pas de créer des rivalités inconscientes mais bien réelles.
Tout ceci ne m’empêchait pas de préférer passer une soirée avec des hommes, que je trouvais plus simples que les femmes.
Et pour finir, j’ai toujours eu plus d’adrénaline à l’idée de vouloir « sauver » le monde, plutôt que penser à créer une famille…
Rien de cela n’appartient à un genre ou un autre, mais les clichés ont la vie dure, et il faut bien admettre qu’il y a tout de même certains attributs plus féminins que d’autres. Et ce n’est ni bien ni mal. C’est juste un constat.
Au vu de cette femme très yang et cet homme très yin que nous sommes, Gaël et moi comprenons que nos repères vont évoluer vers plus d’harmonie. Il se trouve que c’est son féminin dominant qui m’a attirée. Sa douceur, son écoute et sa bienveillance m’ont permis de croire à une vie de couple dans le respect de nos différences. Et je n’avais pas vraiment connu ces qualités dans mes autres relations amoureuses.
À cette époque, je rejette en fait inconsciemment la féminité car j’ai une image, inconsciente, de la femme comme étant passive, victime de manipulations et non productrice.
Finalement, suis-je une femme machiste? Est-ce que j’ai une vision étriquée de la féminité? Oui. Moi, je veux prouver que j’ai une belle intelligence, que je suis indépendante et que je peux effectuer une tâche jusqu’au bout.
J’aime parler avec les hommes pour me prouver ma valeur intellectuelle, cela me rassure. J’ai besoin de me sentir accueillie dans le cercle des hommes, car cette société valorise les postes à responsabilité, l’argent et l’autorité.
En observant la femme que je suis devenue à ce moment-là, je me rends compte que je passe ma vie à être active pour apporter ma contribution au monde, recherchant la consécration du système patriarcal à travers mon besoin de reconnaissance. De cela, je ne veux plus, et un épisode de ma vie, de notre vie de couple m’a aidée à m’en apercevoir.
Avec Gaël, nous montons ensemble une société de production audiovisuelle. Épris d’idéalisme, avec l’envie de faire bouger les lignes sur la cause écologique, nous voulons tourner des films à vocation humanitaire.
Nous passons le cap des trois ans, mais la difficulté d’un marché de niche ne nous réussit pas. Nous faisons des erreurs.
Notre idéalisme se confronte à la réalité. Malgré notre volonté et nos valeurs communes de vouloir contribuer à rendre ce monde plus beau, plus conscient de sa grandeur, et de la nécessité que l’humanité prenne le tournant nécessaire à la préservation de notre écosystème, nous mettons la clé sous la porte.
Cette expérience nous apprend que travailler en couple demande une organisation et un détachement pour lesquels nous n’avons pas encore les outils. Trop compliqué. Partir de rien, trouver des clients, envisager la communication, créer…
Autant de moments où je vois les talents et les défauts de mon conjoint tout comme mes lacunes et mes compétences. Et puis, le travail s’invite partout, pendant nos repas, et au lit. Nous savons que nous risquons de nous perdre à ce jeu, d’autant que je n’aime pas ses méthodes de travail. Le travail a beaucoup fragilisé nos rapports.
Épuisés par trois années à travailler ensemble, prenant du recul sur cette bonne expérience néanmoins, qui m’a montré ce que c’est que d’être entrepreneur, de gérer une entité, de produire, nous décidons conjointement qu’il est mieux pour nous de conti- nuer séparément notre vie professionnelle, afin de garder notre union solide.
Gaël me pousse à écrire à temps plein, pendant que lui n’a qu’une obsession : faire de l’argent pour me produire, tout en commercialisant des salons professionnels (sur les villes intelligentes de demain, par exemple), une manière de contribuer à faire évoluer le monde à sa façon. Belle ambition.
Il produira ainsi mon premier album musical et réussira dans le monde du salon professionnel. Nous sommes à présent dans une autre façon de partager le travail.
Nous ne travaillons plus ensemble, nous coopérons. Lui produit, moi je crée. Chacun son expertise. Et cela fonctionne, ainsi ! Mais j’ai traversé plusieurs phases avant d’arriver à cet équilibre dans mon couple.