Ma vision me porte à vouloir vivre avec la joie au cœur, ce que j’appelle la passion. La joie d’être vivant, la joie de rire, de partager. Le sel et le piment de la vie, la beauté, les instants de communion.
Mais lui ne partage pas ce piment, ce sel, cette passion. Je le sens davantage dans le devoir que dans la passion. Il prend très à cœur sa responsabilité, et sa motivation reste notre couple. Nous sommes en accord avec cette vision.
Il aime faire en sorte que je ne manque de rien. Voilà son moteur. Je ne peux que m’en réjouir. Même si ce chaud-froid me déstabilise parfois… Gaël aime prendre soin de moi, me proté- ger. Cela lui permet de se sentir homme, et il aime ça. Sa devise pourrait être : aimer, c’est servir. Rarement, j’ai eu l’occasion de vivre une telle relation. Une sorte de Pygmalion voulant aider sa muse à évoluer, à grandir, à devenir qui elle est. Et grâce à mon lâcher-prise, par l’acceptation de mon abandon progressif vers plus de complémentarité, je lui permets aussi de devenir qui il est.
Nous apprenons à gérer nos différences en acceptant nos multiples facettes. Pas toujours évident. Mais on apprend plus vite à deux. Si on s’écoute et se respecte, on peut aller loin ensemble.
Alors j’apprends à lui laisser cette place. Moi qui ai toujours tout fait toute seule !
J’apprends à être aidée, soutenue et valorisée. Je n’avais pas connu cela auparavant dans le rapport homme-femme. Je ne connaissais que le rapport dominant- dominé. Donc deux coqs ensemble, puisque j’étais à forte domi- nance masculine, cela ne risquait pas de marcher… Avec un peu plus d’équilibre, je laisse de la place à l’autre, l’homme désireux de me soutenir. Je ne lui impose rien, je ne lui demande rien. C’est son choix, son désir.
Par exemple, moi qui ai passé ma vie à crier haut et fort que je serais toujours indépendante, je traverse un moment où je suis dépendante de mon conjoint financièrement. Et cela afin de pouvoir créer, prendre le temps de poser à plat en conscience toute la sève créative qui m’anime.
Je le vis mal, au départ, culpabilisée et tiraillée dans mon fonctionnement habituel de devoir amener ma part financière dans le couple. C’est Gaël qui me pousse, me rassurant sur le fait qu’il veut que je prenne ce temps-là pour moi, que c’est essentiel, qu’il se sent important et utile quand il apporte son salaire et qu’il le partage, parce que nous sommes une équipe solidaire et qu’un jour, peut-être, cela sera son tour d’être soutenu.