EN QUETE DE SOI - Episode #16

Libération des émotions par la voie du yoga et l'écriture

Après avoir décortiqué mon histoire chez des psys, je fais un bilan. Certains de mes problèmes continuent d’exister malgré la compréhension. Manque de confiance important, estime défail- lante, désintérêt pour une vie dite « normale », besoin d’absolu non assouvi, vide intérieur et toujours ces toux chroniques irrésolues par la médecine conventionnelle. Tomber malade au moins trois fois par an me paraît suspect. Mais je continue de tousser, sans trouver de remède. J’ai rangé les dossiers dans ma tête, fais le tri dans le méli-mélo de ma conscience, compris d’où venaient mes inconforts psychologiques. Je lis beaucoup. Boris Cyrulnik avec sa résilience, Lise Bourbeau avec ses cinq blessures de l’âme, Neale Donald Walsch et ses conversations avec Dieu, Swami Prajnanpad et son expérience de l’éveil, Deepak Chopra sur la conscience, Thomas d’Ansembourg avec son « Cessez d’être gentil, soyez vrai », Guy Corneau « N’y a-t-il pas d’amour heureux? », etc. Je pourrais détailler toutes ces lectures, mais on y serait encore demain.

Je veux juste dire par là que je nourris encore et toujours mon mental, inconsciente de cette boulimie de connaissance qui n’apporte pas la sagesse, tout au plus ouvre-t-elle quelques pistes de réflexion pour l’exploration d’un nouveau monde. Je reste persuadée qu’un livre peut quand même changer une vie…

Fatiguée par cette incompréhension, par des relations sentimentales toujours toxiques (l’impression d’être vidée, que l’on a absorbé mon énergie, que les hommes rencontrés ne s’intéressent qu’à eux…), je me sens appelée à découvrir autre chose. Et ma route me fait croiser un type de yoga, le Sahaja Yoga.

Shri Mataji est un maître spirituel d’Inde, connue dans le monde entier pour avoir rendu à la spiritualité sa dimension intime. Cette femme exceptionnelle, nominée par deux fois au prix Nobel de la paix, a créé une méthode simple permettant l’équilibre intérieur.

Voilà une clé que j’attendais. Ce « quelque chose » que le matérialisme ne peut apporter à l’individu. La psychothérapie et le développement personnel m’ont permis de trier les dossiers. Maintenant, il est temps d’évacuer les mémoires traumatiques. Parce que oui, si j’entreprends un tel chemin, c’est qu’il y a de fortes douleurs imprégnées dans mon conscient et inconscient. Cela peut être difficile à comprendre pour un être qui a grandi dans l’amour d’un foyer sécurisant. Mais quand la vie a semé des chocs traumatiques sur notre route, il y a une mélancolie profonde, un mal-être installé durablement que les masques ont recouverts… pendant un temps. Puis un jour, tout sort.

Je découvre ces ateliers gratuits où partage et pratique se confondent pour offrir une clé à notre mal-être occidental.

 

La méditation guidée sera ma première expérience spirituelle profonde, à travers une pratique simple et accessible.

J’entends mon mental juger ce qu’il ne comprend pas. Je résiste. Je sens qu’il y a quelque chose de plus grand, bien que je sois en résistance avec l’idée de la religion. Alors quand j’entends l’enseignant nous demander de répéter après lui : « Mère, suis-je l’Esprit ? Mère, suis-je mon propre maître ? Mère, s’il vous plaît, donnez-moi la pure connaissance, Mère, je suis mon propre maître », etc… je n’arrive pas à croire à ces formules.

Je suis imprégnée du Père de la religion judéo-chrétienne, alors que je suis née dans une famille athée. Tournis. Pourquoi la Mère ? Pourtant, l’explication de ce yoga puissant me rassure.

Sahaja signifie « spontané », et yoga, « union avec le Soi ». Un chemin pour amener la conscience au-delà de son aspect purement intellectuel.

On me parle d’une évolution spirituelle sans effort. Sans effort? Mais je suis biberonnée à l’effort! J’ai appris à survivre en me sentant seule au milieu des autres depuis l’enfance.

Je me mets à étudier cette méditation Sahaja sur les corps subtils et les chakras, la Kundalini et les vertus d’une vie spirituelle. Comme une soif intérieure jamais entendue jusqu’à présent. Je me familiarise peu à peu avec ces notions.

La Kundalini est une spirale d’énergie lovée dans le sacrum qui peut s’éveiller et monter le long de la colonne vertébrale pour traverser tous les chakras jusqu’au sommet de la tête. Si nous savons la réveiller, nous pouvons atteindre la réalisation du Soi.

Mais je n’en suis pas encore là. Pour le moment, si je suis intéressée par cette spiritualité, c’est pour découvrir le sens de ma vie, les causes de mes réussites et échecs, les pièges de la rationalité, les micro-conflits familiaux et professionnels, les dépendances, l’autodestruction… Bref, tout ce qui a été mon chemin jusque-là. Cette nouveauté radicale pour mon esprit cartésien de l’époque est comme une claque que je ne sais pas recevoir à sa juste mesure. Et pourtant, je tenais là une manière simple d’ouvrir ma conscience.

Dans le même temps, je découvre le hatha yoga, que je commence à pratiquer régulièrement mais pas assidûment. Je le pratique encore aujourd’hui, mais à mon rythme, avec une préférence pour les cinq asanas (postures) tibétains, une pratique de moines bouddhistes qui a montré que nous avions des clés de longévité et de santé pour le corps, l’âme et l’esprit. Et le chant des mantras qui semblent me projeter dans une autre dimension. Là où je me sens plus en paix…

Je trouverai par la suite trop de rigueur, de compétition et de manque de spiritualité dans ces cours, voyant trop de personnes en quête du corps parfait et de la meilleure posture, alors que pour moi, le yoga va bien au-delà de ces considérations. Je pratique souvent seule et je me sens plus alignée avec mon rythme et ma foi.