EN QUETE DE SOI - Episode #35

Le Corps mon meilleur ami - L'endométriose ma messagère

« Bonjour à toi, Ô mon Corps

Ignoré longtemps, découvert d’abord

Un moment dans ma tête, tu étais mort

Mais ma conscience s’est extraite de ce mauvais sort

Pour sortir de cet état retors

Pour ensemble, transformer le plomb en or

Se nourrir de lumière encore

Parce qu’il n’y a pas d’âme qui dort

Quand la lumière œuvre dans le corps. »

 

 

Hôpital Saint-Joseph. Contrôle de routine, un an après cette exploration du féminin profond et de mes remèdes divers et variés. Échographie pelvienne. J’ai la chance de rencontrer un homme formidable, le docteur Eric Petit. Allongée sur sa table de consultation, je n’aime toujours pas ce genre d’examen où mon sexe s’offre à ce godemichet médical pénétrant mon intimité pour y sonder ses cavités. Il dit être surpris par les résultats : la maladie est en quelque sort en rémission puisque l’endométriose a stagné, voire diminué. Il m’encourage à continuer ce que j’ai entrepris. Je lui parle du lien possible entre les produits chimiques des protections hygiéniques et les perturbateurs endocriniens et tout ce qui enflammait trop mon corps. Ainsi que mon travail intérieur avec la femme que je suis.

Le docteur confirme que l’endométriose est bien une maladie qui se crée sur un terrain inflammatoire (comme le cancer). Il y a des raisons de croire qu’un régime antiacide peut avoir un impact sur l’inflammation chronique dans laquelle notre corps vit souvent. Je lui suggère de mener une enquête, une recherche sur le rapport à la mère, la féminité et le rapport au corps, pour toutes ces femmes atteintes de cette maladie qui touche le cœur de notre intimité… et sur le rapport entre alimentation, environ- nement et la part psychologique…

Sortie de l’hôpital, légère comme une plume, je me sens libérée. Je veux croire à la guérison. Avoir travaillé sur moi depuis toutes ces années a contribué à changer ma physiologie et, certainement, a empêché la prolifération des cellules dans mon corps.

J’ai appris le lien conscience-corps.

Je ne savais pas pourquoi j’étais tant passionnée par ce sujet. Voilà maintenant une raison. Le travail intérieur a permis à la maladie de se manifester à temps. Avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’elle ne gangrène trop parce qu’étouffée par des années de déni. Elle a pu s’exprimer parce que j’ai enlevé les couches superficielles pour arriver au cœur du problème. Et de là, j’ai entamé un chemin que je n’avais pas fait auparavant.

L’endométriose m’a obligée à considérer ma place de femme, m’a réveillée, m’a fait subir un électrochoc pour me rappeler à ma véritable nature, m’a fait réfléchir et enfin oser prendre ma place, elle m’a obligée à entendre les incohérences de ma vie, les résistances à être qui je suis au-delà des injonctions qui ne m’appartiennent pas, à dépasser mes blocages, à devenir Femme, à aimer mon corps, la femme que je suis, pas celle qu’on me propose dans les médias, celle qui fait que l’on ne peut que se détester à voir les mannequins « photoshopés », les femmes plus belles que jamais qui ne correspondent qu’à une minorité sur cette planète.

J’apprends à aimer mon utérus et mon ventre en entendant les cris de mes chairs ignorées de cette merveil- leuse machine intelligente. J’ai arrêté de boire de l’alcool, pas de cigarette ni drogue. Tout cela appartient au passé. Je préfère me cajoler plutôt que de fuir dans des paradis artificiels.

À ce jour, on ne sait pas guérir l’endométriose. On sait juste soulager les symptômes. La pilule, qui met le cycle en repos, diminue les douleurs, puisque les lunes rouges sont très faibles. La chirurgie enlève les foyers infestés, les lésions. Chaque cas étant unique, chaque femme voit ce qui lui convient. À un certain stade, la chirurgie fait des miracles. Mais il se peut aussi que la maladie revienne, dans certains cas, malgré les foyers supprimés. Le traitement médical conventionnel dépend de l’avancement de la maladie. Je m’abstiendrai donc ici de faire des généralités. Il y a cependant quelques pistes proposées, comme la prise de médicament pour stopper le cycle hormonal, contrôler le flux sanguin et diminuer la douleur, permettant aux implants de diminuer et parfois de guérir. Il y a la pilule, les hormones de substitution, la possibilité d’une hystérectomie s’il s’agit d’une endométriose invalidante et si le désir d’enfant n’est pas là, la progestérone bio-identique (je n’ai pas testé) qui, paraît-il, peut avoir du succès sur certaines patientes, des nutriments comme la vitamine E, K, B, C, huile d’onagre, fer, zinc, calcium, magnésium, multivitamines et minéraux, des plantes médicinales comme l’ortie riche en fer, la luzerne, l’orge, l’ail, jeûner pendant les lunes rouges permet de diminuer les syndromes prémenstruels, des bouillottes chauffantes pour le ventre et d’autres choses dont je ne soupçonne peut-être même pas l’existence pendant que j’écris ces lignes…

Ce qui compte, me semble-t-il, est de respecter le chemin de chacune. Il n’y a pas de remède type parce qu’il n’y a pas de chemin identique. Chacune peut trouver ce qui lui convient à travers sa propre route. Je crois qu’il y a une nécessité à utiliser toutes les médecines possibles, et j’ai moi-même apprécié le soutien et les soins proposés par l’hôpital Saint-Joseph à Paris, où la médecine allopathique n’est pas incompatible avec la médecine dite « alternative », que je préfère appeler « médecine naturelle ».

À peine rentrée, j’annonce la nouvelle à Gaël. Nous sommes heureux. Une nouvelle page de notre vie peut commencer. Rien n’est gagné, puisqu’il paraît que c’est une maladie incurable. Mais je me suis prouvé que l’on peut aider à la guérison par un travail en profondeur. On peut bien guérir du cancer. Alors pourquoi ne pourrait-on pas guérir de ce mal profond?

Je crois au lien entre les souffrances des femmes, la société, les perturbateurs endocriniens, la pollution, la manière de vivre et l’endométriose.

Ce sujet ne devrait pas être pris à la légère, ni considéré comme un problème de femmes uniquement. Car cette maladie inter- roge nos cultures, notre relation hommes-femmes, notre lien avec notre planète. Grâce à mon chemin, j’ai pris conscience que les douleurs sont l’expression du corps pour transmettre des informations nécessaires.

Prenons-nous le temps d’écouter ce corps? Ou laissons-nous notre mental guider nos journées? Avons-nous conscience de l’importance de ce véhicule ? Avons- nous déjà remercié notre véhicule physique comme on remercie un ami cher pour toute l’aide qu’il nous apporte? Voyons-nous le lien qu’il y a entre notre manière de considérer notre corps et notre respect de la nature, de la Terre? Tout est lié.

Si nous aimons notre corps et en prenons soin, nous aurons sûrement envie de prendre soin de la Terre et de ses habitants comme de notre propre corps. Nous sommes locataires en tant qu’âme dans notre enveloppe physique et en tant qu’humains sur notre espace terrestre. Il est essentiel de prendre soin des deux pour la survie de notre espèce. Aujourd’hui, pour éviter une destruction massive de la terre mère, le réveil des consciences est obligatoire.

Ainsi, je fais souvent le parallèle entre les ventres des femmes et l’état de la planète.

Nos utérus sont abîmés au même titre que l’eau de nos rivières, nos océans, nos terres. Notre matrice est en danger, et la vie avec. Il est temps de voir l’écologie comme une nécessité vitale à notre survie. Car la terre continuera sans nous, mais avons-nous envie de disparaître ?

Ou devons-nous trouver de nouvelles façons de vivre dans le respect du vivant? La question est essentielle. Et en tant que femme, je me sens gardienne de la vie. Je crois aussi dans l’action citoyenne, qui agit peu à peu sur tous les plans.

Il serait temps d’arrêter de marginaliser les pionniers, ceux qui voient plus loin que le bout de leur portefeuille ou leur nez. Il y a un enjeu planétaire qui se joue. Et comme nous ne pouvons pas tout changer, nous pouvons individuellement participer à notre niveau en faisant notre part du Colibri comme dit Pierre Rabhi. Chacun de nous fait partie du grand puzzle de la vie. À chacun de voir quel rôle il a à jouer. Toute cette souffrance doit servir à quelque chose.

Nous ne pouvons plus oublier le caractère sacré de la terre. Tout a commencé quand les humains ont arrêté d’aimer leurs dieux dans la nature pour les adorer dans des lieux de culte. À ce moment, une coupure avec l’essentiel est née.

Nous avons oublié que nous étions les enfants de la nature. Nous avons perdu le sens sacré qui se trouve dans toutes les espèces, la faune et la flore…

Je fais la synthèse de mes années d’initiations, en utilisant cette connaissance au service de mon corps, devenu un véritable laboratoire. Je ne prétends détenir aucune vérité. Mais je sais que, pour moi, ce chemin peut m’apporter la guérison.

Alors quand des femmes me demandent mon témoignage, je le partage avec joie, mais leur suggère de s’écouter, pour voir ce qui est juste pour elles.

Si la vie m’a apporté cette vision d’une médecine quantique et d’une guérison spirituelle au service de la guérison physique, il est bien normal que je la mette à exécution en la testant sur moi. Sinon à quoi bon tout ce savoir ? Et mon corps devient un laboratoire.

Je veux lui rendre grâce de m’écouter, d’avoir supporté tout ce qu’il a supporté.

Ce mépris du féminin correspond au rejet du caractère sacré du corps. Avant tout cela, la femme était considérée comme la coupe qui recevait la vie. Elle était honorée. Mais des siècles de traditions ont banni tout cela et l’Histoire nous a montré la destruction acharnée des symboles de la fécondité féminine.

D’ailleurs, beaucoup de femmes n’aiment pas leur corps et particulièrement leur organe sexuel parce que le rejet et le mépris des femmes ont contribué à ce désamour d’elles-mêmes et favorisé le développement de maladies « féminines ».

(Peut-être une explication sur la prolifération de l’endométriose, qui touche des millions de femmes, de n’importe quel pays!)

Beaucoup de femmes ne sont jamais satisfaites de leur corps, dénigrent leurs menstruations parce que personne ne leur a appris que les lunes rouges permettent une grande purification, offrent un temps de rêve et d’intuitions fortes. Pourtant, ce pouvoir était honoré dans des temps anciens.

Je ressens une peine immense remonter du plus profond de mes mémoires. Celles des souffrances des femmes longtemps reniées, enfouies au fond de nous-mêmes.

J’entends les pleurs des femmes brûlées sur des bûchers simplement parce qu’elles guérissaient autrement. J’entends les femmes battues, les victimes qui meurent sous les coups de leur conjoint.

J’entends les cinquante mille victimes de mutilations sexuelles, ce crime ancestral de l’excision sous prétexte de rites de passage, d’initia- tion, de question de pureté, et tout cela par peur de la sexualité féminine. (Je découvrirai un documentaire sur le formidable travail du chirurgien Pierre Folds et le centre médico-social à la reconstruction des parties génitales mutilées.)

J’entends la souffrance des femmes du monde entier. Et je ne peux plus contenir mes larmes. Je nous aime.

Je ne comprends pas comment nous pouvons être encore à ce point martyrisées.

Je ne vois qu’une solution : nous entraider pour trouver la force de nous battre, ou plutôt trouver notre douceur d’être au monde telles que nous sommes sans vouloir ressembler aux hommes et leur laisser leur place.

Il n’y a pas à entrer dans une guerre des sexes. Tout le monde a sa place. Tout le monde a sa fonction. Il n’y a pas un genre qui doit dominer l’autre. Parce que nous sommes importantes pour nourrir cette planète. Parce que nous méritons de vivre pleinement. Parce que le siècle sera féminin ou ne sera pas…

Dans ces moments de grande douleur, de grande empathie pour mes sœurs, je laisse parler mon cœur sous ma plume. Comme la poésie, les mots s’enchaînent en douceur, glissant sur le papier avec une facilité déconcertante. C’est vrai que comme on ne m’a pas appris à être une femme, on ne m’a pas appris à communiquer avec mon corps. Alors pour soulager ma peine, j’écris une lettre à ce corps pour le remercier d’être vivant. Mon meilleur ami.

« Mon très cher corps,
Que de longues années écoulées avant de prendre conscience de ton existence. Que de longues années à te détester inconsciemment, te cachant sous des vêtements trop amples dans ma jeunesse, t’anesthésiant à coup de chimie, de drogue et d’alcool quand la détresse mentale faisait sa loi. Tellement occupée à aller mal dans la tête. Le corps était méprisé. Pourtant je me souviens de mes années sportives où, grâce à toi, j’ai gagné quelques médailles. C’est d’ailleurs grâce à toi et à ce sport que j’ai dû accumuler de la vitalité et ainsi

me permettre de traverser douze années de souffrance au cœur de mon ombre. Aujourd’hui, grâce à la conscience réveillée, l’enseignement et les rencontres qui m’ont ouvert l’esprit, je peux faire davantage attention à toi. Que ce soit avec la nourriture physique ou intellectuelle voire spirituelle, tout ce que je te donne à manger fait partie  de l’entretien global de ce véhicule que tu es pour mon âme. Merci. Ma responsabilité est d’entretenir cette location corporelle temporelle du mieux que je peux pour pouvoir vivre le plus longtemps possible en pleine forme : vérifier l’état du fonctionnement mental, réparer les freins par le lâcher-prise, nettoyer le circuit d’alimentation  par une nourriture adaptée, rire, chanter, danser, vivre dans l’intention du cœur et l’attention de mes actes en étant honnête avec moi et les autres.

Aujourd’hui, je nous remercie pour cette route. Je te remercie d’avoir été à mes côtés sans jamais faiblir, avec une merveilleuse solidarité cellulaire que la lumière harmonise.

Je te remercie de m’avoir envoyé des signaux d’alerte par la douleur avant qu’il ne soit trop tard. Il n’est plus question de souiller ce corps par des pensées négatives et des actes contraires à mon cœur, siège christique, siège divin, ma maison.

Tu sais, toi, mon ami le corps, que je n’ai pas eu conscience de mes actes. Tu sais tout de moi. Aucun mensonge ne passera par toi !

Mes pensées créent mon corps. Je prends donc l’engagement de prendre soin de toi durant toute ma vie.

Pardonne-moi si j’ai encore quelques faiblesses, mais la perfection n’étant de ce monde, j’apprends tous les jours un peu plus et je m’autorise à quelques « digressions » une fois par semaine. Pour le moment. Mais je vais y arriver. Car je sais que tu es le temple de mes prières, de mes demandes, mon église, mon royaume.

 Tu es partoutavec moi. Tu me permets l’expérience, ce pourquoi je suis venue m’incarner et toi seul permets à mon âme  de connaître l’expérience de qui je suis, de permettre à la Source de vivre aussi son expérience à travers chaque étincelle qu’Elle a envoyée. La Terre, ma mère, est aussi précieuse que chaque corps. Un corps dans l’immensité de l’univers.

Cher corps, tu es mon meilleur ami. Je ne serai plus jamais seule parce que je vais maintenant te parler plus souvent.»