EN QUETE DE SOI - Episode #34
Le cycle Féminin - Vivre au rythme des saisons
Dans ma recherche de compréhension sur ma place de femme et sur la maternité, je trouve un livre bouleversant, Le Guide de la naissance naturelle par Ina May Gaskin, prix Nobel alternatif.
La sage-femme la plus célèbre au monde révèle les capacités incroyables du corps de la femme. Son approche de la naissance bouleverse toute mon approche de la maternité.
Si je devais être mère, je rêverais d’accoucher dans ces lieux dont elle parle, respectueux de la femme, de son temps nécessaire pour faire venir le bébé, tout en étant entourée de douceur et bienveillance et non pas de médicalisation à outrance.
Elle m’apprend que l’accouchement est un acte de la vie sexuelle et que certaines femmes peuvent avoir des orgasmes ou des états d’extase au moment où l’enfant naît.
Impossible à entendre ici, dans nos hôpitaux. Je n’ai que des images de souffrances, de chairs abîmées, de cris, de péridurales, d’anesthésies, de contrôles, de forceps… Tout sauf un orgasme !
Cette bible de l’accouchement devrait être transmise à toutes les jeunes filles pour leur rappeler leur sagesse oubliée, leur capacité à accoucher elle-même, sans tout cet attirail froid et austère.
Pour une mère occidentale, souffrance et accouchement, douleur et enfantement ne font qu’un.
Et pourtant, selon Ina May Gaskin, selon l’ouverture de son cœur, de l’écoute de son âme, l’enfantement peut être une grande expérience spirituelle détachée de la souffrance et de la douleur.
Pour cela, il est nécessaire d’accoucher dans un endroit où la femme reçoit des soins particuliers, bienveillants, dans le respect de son intimité, entourée de femmes douces, à l’écoute, dans un cadre préservé et bien en amont de l’accouchement.
Quelle tristesse quand je regarde nos modes d’accouchement. Je sens encore une sorte de pouvoir dans la posture de l’accouchement. Rien qui ne me donne envie de vivre cette expérience ici, en France. Ce livre peut changer le monde. Parce que la naissance conditionne toute une vie. J’en fais l’expérience.
Claude Imbert a révolutionné ma vision de la psychologie du fœtus. Ina May Gaskin, celle de la profession de sage-femme. Celle qui accompagne la femme vers son plein potentiel de donneuse de vie.
Est-ce la religion qui a entaché le féminin jusque dans nos chairs ? Ces religions monothéistes parlent toujours de Dieu au masculin, signifiant ainsi que la femme et la féminité appartiennent à un rang inférieur. Et si la Source de tout était une Mère dont chaque femme porterait en elle la polarité féminine tout comme les hommes porteraient la polarité masculine ?
En me libérant de tout dogme, n’ai-je pas finalement trouvé le chemin de la liberté pour que ma féminité reprenne sa vraie place dans la spiritualité ? Est-ce notre capacité à enfanter qui a rendu certains hommes méprisables parce qu’ils ne pouvaient pas contrôler ces naissances, parce qu’ils n’avaient pas ce pouvoir ? Parce que nous sommes tous sortis du ventre d’une femme? Avec le gène de la mort en nous, avons-nous tous et toutes un problème à régler en profondeur avec la mère, celle qui donne la vie ?
Un jour, je fais l’expérience de ma naissance à travers le rebirth. Une grande émotion. Avec la bienveillance de femmes, je revis mon passage de l’eau à l’air, comme pour me libérer d’une mémoire ancienne.
Au lieu de sortir par les pieds comme à ma véritable naissance, je sors la tête en premier d’une mise en situation. Comme un jeu de rôle où les matelas font office de vagin.
À l’intérieur, je dois pousser pour pouvoir sortir, me frayer un chemin. Tout comme le fait le bébé. La tête en premier, me voilà heureuse d’arriver en ce monde. Je revis ce moment où j’avais le cordon ombilical enroulé autour du cou. Je me serais retournée pour pouvoir sortir, ce qui expliquerait ma sortie par les pieds. Une autre façon de voir mon arrivée. Je suis délivrée de quelque chose d’impalpable. Je le sens…
Grâce à ce travail sur la naissance, je commence à incarner pleinement mon cycle, mieux compris grâce à Miranda Gray et son livre Lune rouge, dans lequel je puise des informations nécessaires à la compréhension de ma nature cyclique de femme. Je me mets à observer celle-ci avec soin pendant plusieurs mois pour voir ce qui se passe selon les semaines, chacune d’elles apportant son lot d’émotions et d’humeurs différentes. Il faudra l’accepter. Sinon je ne fais que créer de la résistance et du mal-être.
Je tapisse mes murs des quatre temps forts de mon cycle. Je crée un cadran lunaire afin d’observer mes humeurs. Et sur plusieurs cycles, je vois combien mes hormones entraînent des hauts et bas. Maintenant je sais pourquoi, quand et comment faire pour vivre avec elles. Les accepter. Et surtout vivre en phase avec le cycle et non selon un mode linéaire, incompatible avec ma nature de femme.
Pour aider à la compréhension et entretenir notre amour, je dois expliquer tout cela à mon homme, mon partenaire de vie, mon alter ego. Je lui confie le cycle des vingt-huit jours. Je lui propose de parler en termes de saisons pour comprendre mes humeurs cycliques. Il aime cette idée. Je lui explique les quatre saisons qui constituent une année – et pour les femmes, vingt- huit jours – et que chacune d’elles apporte son lot d’humeurs.
Après les lunes rouges (règles/menstruations) commencent les saisons « yang » : printemps et été. Au printemps, mon humeur du renouveau me rend active, joyeuse, prête à vivre avec les autres, à interagir. Comme une jeune fille.
Une semaine après, l’été représente la maternité. Je pourrais prendre le monde dans mes bras.
Au quatorzième jour, l’ovulation. Un petit nid s’est créé. Je commence à entrer dans les saisons « yin » : automne et hiver.
En automne, envie de repli sur moi. Peu à peu, je me retire du monde. Période favorable à la créativité.
Et enfin l’hiver, la période où tout meurt : les lunes rouges, les règles, les menstrua- tions, la ménorragie, les époques, les affaires, les indispositions.
Et le cycle recommence. À partir de maintenant, je décide de vivre selon mon cycle quand c’est possible. Je coche la semaine hiver pour éviter tout rendez-vous à cette période et pour me plonger dans l’écriture afin de libérer le trop-plein d’émotions qui envahit mon corps. Changement hormonal régulé par la créativité.
Je crée ma vie en fonction de mon cycle, en accord avec notre vision du couple, du respect de nos individualités. Je change de vie, je m’adapte à cette révolution de conscience, cette manière d’être…
Parce que oui, c’est bien une révolution que de vivre en accord avec ma nature dans cette société… Je sculpte ma vie comme une œuvre d’art… Et ça marche !
Gaël comprend mieux mes états passagers et mes humeurs changeantes, difficilement compréhensibles pour lui jusqu’alors. Jamais personne ne lui avait expliqué la femme de cette manière.À partir d’aujourd’hui, il se promet de me soutenir dès que l’automne et l’hiver pointeront le bout de leur nez.
Pour l’aider, de mon côté, je décide de le prévenir à chaque période « hiver », puisque c’est celle où mon humeur vacille entre ombre et lumière, où je ne comprends pas ce qui m’arrive, où je peux aimer tout autant que haïr, où je suis bousculée, où je descends au cœur de mon ombre… Pour une femme sous pilule, bien entendu, il n’y a plus ces différences flagrantes, puisque le cycle est devenu artificiel.
Que signifient le YIN et le YANG? Quand je suis en période printemps et été, je suis YANG, pleine de vie. Les mots qui résument cela s’inscrivent en gros dans la case YANG : ciel, soleil, lumière, feu, énergie, extérieur, intensité, discipline, etc. Le YIN arrive en complémentarité pour chaque terme écrit. Pour Ciel, ce sera Terre, pour soleil, lune, pour feu, ce sera eau, pour extérieur, intérieur, pour intensité, ce sera douceur, pour discipline, accueil etc. Et je vois le lien entre ma vie et ces mots. Entre ces polarités et mon comportement. Dans cette idée orientale que dans le yang, il y a toujours un peu de yin, et vice versa. Cette capacité d’inclure (et non pas d’opposer) m’attire. Je sens que c’est plus juste, plus en accord avec la nature.
Quelque chose a changé. Je ne vois plus mes lunes rouges comme sales et taboues. Pour la première fois, j’observe ce sang différent du reste du corps. J’apprends qu’il possède de nombreuses vertus : des cellules-souches de la plus haute qualité, des anticorps, des cellules glandulaires, des vitamines, du liquide lymphatique, des sels minéraux, des protéines, etc…
En médecine chinoise et dans la médecine indienne de l’Ayurvéda, on parle d’une « eau rouge ». Dans certains endroits du globe, on considère ce sang comme un nectar. Par exemple, des hommes d’une tribu brésilienne se peignent le visage avec le sang menstruel de leur épouse pour s’assurer d’une bonne chasse. On estime ailleurs que ce sang peut guérir et il entre même dans la composition de remèdes médicaux. Tout est donc question de regard.
Ici, en Occident, la religion n’aurait-elle pas sali ce sang tabou? Pourquoi ne pas parler de quelque chose que la moitié de la population mondiale vit chaque mois ? Insensé, quand même… Je me surprends moi-même de ne pas avoir pris le temps de comprendre ma nature physiologique plus tôt, pour m’éviter bien des souffrances. La culture porte le poids de son passé jusque dans nos chairs, apparemment…
Voilà sûrement pourquoi le monde ne tourne pas rond ! Les hommes vivent en mode linéaire et ont créé un monde à leur image. Mais à partir d’un moment, il faut bien accepter la différence de l’autre.
Nous, les femmes, nous passons notre temps à nous adapter à une société qui ne reflète qu’une partie de la population. Nous, les femmes, devons nous retrouver afin de nous sentir accueillies et écoutées dans ce que nous sommes.
Un homme ne saura jamais exactement ce qui est bon pour une femme, même si la société a passé son temps à décider de ce qui est juste ou pas pour nous. Or, c’est impossible pour eux d’entrer dans notre peau de femme cyclique, où parfois nous nous sentons comme des jeunes filles espiègles sauvages solaires, et à d’autres, comme des femmes mères douces aimantes soutenant leur communauté. Puis les énergies redescendent petit à petit pour faire de nous des femmes sensuelles, amoureuses, et finir par des femmes complexes, torturées dans leur monde pendant les lunes rouges.
Si les hommes pouvaient accepter cette différence fondamentale de rythme entre nous et que les femmes instauraient une manière de vivre selon leur cycle et non selon le calendrier linéaire créé par les hommes, la société serait plus en accord avec la nature.
Comment vivre heureux dans un monde qui base tout son rythme sur des chiffres et des données et se coupe de sa véritable essence, la nature ?
Finalement, les hommes ont créé une société basée sur l’économie, ce qui est quelque chose d’illusoire.
Les femmes ont un lien inouï avec la nature dans leur cycle et dans leur façon d’appréhender la vie. Si elles s’écoutaient davantage, elles pourraient créer une vie en accord avec le cycle des saisons.
Par exemple en hiver, le monde devrait tourner au ralenti, nous devrions respecter la nature et ne pas la solliciter pour qu’elle se repose, afin de revenir au printemps rechargé d’un repos bien mérité. Et nous devrions faire pareil, nous pourrions imaginer qu’en hiver, le temps du repos, on ne travaille pas, on reste dans nos foyers, on profite de ce temps pour nous relier à nos ancêtres, à nos familles, à nos amis, on organise des repas autour du feu, de la cheminée et des marches dans la nature, on prend le temps de se retrouver.
Mais rien n’existe dans ce monde occidental pour honorer la nature, tout comme rien n’existe vraiment pour honorer le féminin dans cet aspect du respect de l’intime.
Les hommes ont souvent peur de l’intime, voire le méprisent. Et toute la société demande de la rentabilité, là où le féminin appelle à l’écoute des cycles, donc des moments pour produire, des moments pour laisser respirer, des moments pour agir, des moments pour se reposer. Comme la nature.
En regardant comment le monde se comporte avec la nature, je vois aussi comment le monde se comporte de manière générale avec les femmes, les enfants et les animaux.
Je réalise l’état d’esprit irrespectueux des valeurs de la vie qui règne sur cette planète. Or, rejeter une partie de la population, c’est rejeter une partie de soi, donc le monde ne sera jamais en paix tant qu’une partie en sera rejetée. Il serait temps d’honorer les femmes dans toute leur capacité créatrice. Honorer l’autre ne fait pas de soi un êtreinvisible. Au contraire. En dépassant l’égo dominateur, l’humain trouvera son salut.
CYCLE FÉMININ : VIVRE SELON MON RYTHME BIOLOGIQUE
Voici un petit guide à faire lire aux hommes et enfants pour une meilleure compréhension de la nature féminine. Post-it sur le frigo !
PÉRIODE HIVER (1er au 8e jour) – YIN
En lien avec la Terre, le temps des lunes
Observation: accepter et intégrer ce qui est, créations vision- naires, moment de calme et gestation, quotidien agaçant, terre à terre impossible, corps gonflé, ressentir, parler à ma petite fille intérieure, besoin de calme, très sensible, pas d’énergie physique, être soutenue dans le quotidien éprouvant à cette période du cycle, pas disponible pour les autres, respecter ce passage, offrir mon sang des lunes à la Terre.
PÉRIODE PRINTEMPS (8e au 14e jour) – YANG
En lien avec l’Air, nouvelles énergies
Observation : renaissance, sensation de jeunesse et vitalité, puissance, cycle actif, sociabilité, tout est possible, nouveaux projets, cycle masculin de la féminité, croquer la vie, extérieur. Vivante et pleine d’énergie
PÉRIODE ÉTÉ (14e au 21e jour) – YANG
En lien avec l’Eau, ovulation et douceur, mère
Observation: connexion forte avec la nature et la Terre, trans- mission aux enfants, partage familial, corps honoré et aimé, pulsion sexuelle forte, douceur, gourmande, envie d’aider les autres, les aimer, les chérir, les soutenir.
PÉRIODE AUTOMNE (21e au 28e jour) – YIN
En lien avec le Feu, descente dans les énergies créatrices Observation : créativité intense, libération de l’expression nécessaire sinon sautes d’humeur spectaculaires et incontrô- lables, frustration envers le monde terre à terre, canalisation des énergies nécessaires sinon destruction, descente dans l’ombre et l’intime.