EN QUETE DE SOI - Episode #12

Le début du développement personnel

J’entame une psychothérapie de trois ans pour chercher ce qui cloche chez moi. Il semblerait que la vie m’ait mise K.-O pour que je voie enfin quelque chose que je cherchais à éviter : la confrontation avec mes peurs.

Je ne veux plus fuir. Fuir qui je suis, fuir mon incompréhension.

Ma psychothérapeute m’aide à remonter jusqu’à l’enfance, siège de mes émotions enfouies. Il faut laisser parler l’enfant intérieur. Entendre son cri, son désespoir. Si personne ne l’a vraiment entendu ni compris, il faut bien qu’il trouve une échappatoire.

Pendant une séance d’EMDR – méthode surprenante développée par la psychologue américaine Francine Shapiro pour dépasser les blocages, sorte d’hypnose par les yeux pour effacer les traumatismes –, je revis le moment où j’ai décidé que je serais forte.

Ma mémoire me ramène à mes huit ans. J’entends une conversation de mes parents. Ils ne sont pas d’accord et le ton monte. Comme dans tout couple, il y a des incompréhensions.

Mais dans ma tête de petite fille, j’entends que je suis concernée par le sujet. Je ne sais plus de quoi il s’agit. Ce qui me revient, c’est juste une sensation de culpabilité profonde.

Si mes parents se fâchent à cause de moi, alors je dois être parfaite pour leur plaire et répondre à leurs désirs. Ainsi, ils ne se fâcheront plus.

Car tout enfant veut plaire à ses parents. Et je ne veux pas être la cause de leurs soucis. Je dois donc être forte, ne pas faiblir, ne pas trop montrer ma vulnérabilité. Comme je n’écoute pas la douleur de la culpabilité, la reléguant au fond du sac, celle-ci me poursuivra de ma naissance jusqu’à mon burn-out, et s’exprimera comme elle le pourra.

Mais à ce moment de ma vie, pendant cette dépression, au lieu de l’écouter, je vais l’étouffer sous un antidépresseur, le Prozac. Parce que je veux être opérationnelle très vite. Me sentir mal, OK. Mais pas trop longtemps. Il est hors de question que je m’apitoie sur mon sort. Je souhaite d’ailleurs que ma psychothérapie soit expéditive. Je l’imagine durer quelques mois, tout au plus. Mais de séance en séance, nous pelons l’oignon, soulevons les vieux schémas, faisons parler le passé. Le Prozac me permet de rebondir vite et je vis deux mois presque euphoriques. Mais au troisième, au lieu de me sentir sereine, l’anxiété prend du galon. Alors je décide de dépasser cette dépendance. J’ai réussi à surmonter l’alcool et les plaisirs artificiels, je peux bien me passer de cette béquille. Adieu Prozac ! Et bizarrement, ça va un peu mieux au quatrième mois.

Grâce à la psychothérapie, je commence à remonter le fil de mon histoire, faire le tri, entendre la douleur. J’observe ma lignée de femmes et je ne me retrouve pas en elle. À part dans leur maternité, je ne les sens pas épanouies, ces femmes. Je me trompe peut-être. Mais, ce qui est sûr, c’est que je me sens appelée vers autre chose, tiraillée entre le modèle de ma lignée et mon envie de liberté, étouffée par une polarité masculine dominante inconsciente.

Conquérir le monde, oui. Le foyer, la maternité? Pas vraiment d’attirance pour cela. Je serai un homme comme les autres! Toujours sans doute ce désir de garçon qui s’est inscrit incon- sciemment dans mes actes.

Diagnostiquée ni bipolaire, ni psychotique, ni névrotique, après trois années à chercher à comprendre papa et maman, il semblerait que je sois guérie du burn-out.

Mais ce que j’ignore à ce moment-là, c’est que cette psychothérapie va m’ouvrir un champ nouveau : l’exploration de la conscience, qui va devenir une véritable passion chez moi : comprendre ma vie pour mieux comprendre l’autre. Parce que l’autre soulève chez moi des tonnes d’interrogations.