EN QUETE DE SOI - Episode #10

Le rêve américain - New York

« Sur les écrans du monde entier

Des visages, des guerres sans arrêt

La peur en toile de fond est amplifiée

Pour nous entraîner à craindre ou mépriser.

Refus de cette collaboration programmée

Pour une division de notre humanité

Au profit de quelques-uns animés

Par la soif de pouvoir et la cupidité.

Ma raison de vivre est d’apprendre à aimer

Dans cet enfer du monde, ce démon mal-aimé

Miroir d’un paradis perdu des cœurs assoiffés

De retrouver enfin leur totale liberté.

Qu’est-ce qui nourrit mon âme en profondeur ?

La chaleur de nos cœurs sans peur tous en chœur… »

Jusque-là, je me laissais porter comme un bateau sans capitaine, par le courant.

Qui suis-je? Pourquoi cette vie? Ces questions m’obsèdent depuis longtemps.

Mais même en m’abrutissant de lectures, conférences, émissions, je ne trouve pas de réponses à mes questions existentielles. Je noircis des cahiers car je ne veux rien oublier, désireuse de garder des traces, de me rattacher au passé quand tout s’écroule, quand j’ai peur, pour mieux affronter le présent. Que faire de ma vie ? J’ai beau aimer vivre au contact de ces artistes, je ne me sens pas accomplie. Je me lasse de regarder les autres s’émanciper. J’ai l’impression qu’il me manque du sens.

Attirée par quelque chose de plus grand, l’American Dream me transporte jusqu’à Big Apple…

La parenthèse d’une année aux États-Unis a été une période essentielle dans ma vie, m’apportant deux rencontres fondatrices pour la suite de mon parcours.

À peine arrivée, un homme lumineux, Eric, croise ma route. Un soir, dans un bar, nous nous « reconnaissons ». Malgré mon américain sommaire, je comprends tout, j’ai la sensation de le connaître. Entre deux bières, nous échangeons toute la nuit sur la spiritualité. Il me montre une autre voie possible, disant voir mon âme.

Il dit voir au-delà des masques, sentir ma sève spirituelle.

À ce moment précis, je ne sais rien de ce monde dont il parle, confondant spiritualité et religion. L’inconnu, l’irrationnel, l’ésotérisme et la foi me font peur. À cette période de ma vie, je trouve tout cela inquiétant parce qu’incontrôlable. La religion me paraît plutôt dogmatique et je suis de nature cartésienne, ne croyant que ce que je vois. Et puis, être mise dans une case, jamais ! Je veux rester libre! Et Dieu? Est-ce un mythe, une croyance? J’aimerais ne pas douter. Être un bon mouton. Mais j’ai du mal à suivre un troupeau. J’ai plutôt une soif de comprendre et une curiosité insatiable. C’est ma nature. Pourquoi aller contre? Manhattan Downtown, cinq heures, le bar ferme. Nous allons sur les quais jusqu’au lever du jour.

La statue de la Liberté face à nous, dans Battery Park, sur un banc, nous parlons religion, nature, musique, art, cinéma, littérature, nous souvenant qu’à cet endroit, ont débarqué tant de gens, esclaves ou libres…

Le parcours d’Eric, ancien manager d’un groupe de rock, nous entraîne sur une voie commune : la musique et l’appel d’une vie hors norme. Avec la vie de bohème qu’il a menée et les abus qui font partie d’une tournée rock’n’roll, je me reconnais un peu en lui, je le sens comme un frère (est-ce dû à ma recherche inconsciente de fusion avec un jumeau embryonnaire?). Après des problèmes liés à la drogue, il a dû arrêter cette vie pour ne pas sombrer dans la spirale infernale des tournées, et retourner à un emploi plus posé. Depuis de nombreuses années, il fait un travail sur lui avec un maître. Et cela lui a changé la vie. Je suis fascinée par ses connaissances.

Guidée par mon intuition, au bout de plusieurs mois d’amitié, je franchis le pas et accepte de me livrer à une sorte de « purifica- tion », pendant laquelle il nettoie mes énergies. Je n’y comprends rien, mais j’ai confiance. Eric est arrivé dans ma vie au bon moment, me mettant sur une nouvelle voie, m’ouvrant le champ des possibles, m’apprenant l’invisible.

Au fil du temps, il nettoie mon corps physique à travers des cérémonies, m’initie à la notion de maître/élève tout en me faisant découvrir une New York underground.

De Harlem au Bronx, de Staten Island à Central Park, nous partageons des endroits que seul un New-yorkais connaît. Nous aimons arpenter Broadway, la seule avenue qui ne soit pas droite. Et un soir, une vision m’apparaît. Comme si cette avenue était construite sur un ancien chemin de pèlerinage des Indiens d’Amérique. Un chemin sacré. Est-ce pour cette raison que New York palpite d’une énergie particulière ? Ce chemin a-t-il existé ? Je ne peux l’expliquer, mais je ressens un amour profond pour ces Indiens qui ont donné à leurs terres tant de sacré. Peut-être que la grandeur de l’Amérique vient de cette vibration particulière semée par eux.

Parce qu’une terre transpire de l’énergie de ses habitants, je m’y sens bien. Libre ! Comme si j’étais à la maison.

J’adore m’immerger au cœur de la ville, mais en même temps, je cherche le calme pour supporter l’agitation de cette jungle urbaine. Peu à peu, je m’éloigne du centre grouillant pour gagner les petites maisons et parcs en bordure de Manhattan.

Et puis arrive la rencontre avec mon âme sœur. En vacances à Miami, je vis un moment de grâce. Nos regards se croisent lors d’une soirée. Ce beau métisse, Mike, me fait l’effet d’un coup de poignard dans le cœur. Le fameux coup de foudre. Immédiat. Il est à quelques mètres de moi. Perchée sur une estrade, je danse tout en l’observant. Une femme se trémousse devant lui. On dirait qu’il est accompagné. Alors je n’insiste pas. Au moment où je me sens prête, ma horde de copines avec qui je suis venue en vacances, me pousse à quitter la fête pour une autre. Puisque nous sommes en pleine Winter Music Conférence, un rassemblement de DJs du monde entier. À notre âge, nous vivons un grand moment de liesse collective. Cela me rappelle mes fêtes techno en plus classe, passant de grands hôtels somptueux à des plages paradisiaques, d’un club rempli de lits où l’on danse, aux pieds nus du Nikki Beach. Bref, on s’éclate.

Je n’aurais jamais cru revoir ce beau métis. Et pourtant, un soir au Crobar, une grande boîte de nuit, je tombe nez à nez sur lui. Et là, le film se déroule sous nos yeux. Nous nous reconnaissons, un large sourire m’invite à le rejoindre sans réfléchir, nos mains se joignent immédiatement, ses lèvres viennent goûter aux miennes en quelques instants. Nous sommes électrifiés. Rien que de l’écrire, je revis l’intensité de la situation. Nous passons ensuite toutes nos vacances ensemble.

Puis vient le moment de nous quitter. Un moment horrible. J’ai raconté notre histoire dans mon premier roman, une relation plus importante qu’une simple histoire de vacances.

Parce qu’une âme sœur, cela ne s’oublie jamais… Parce qu’il sera le premier homme chez qui je ne sentirai ni violence ni menace. Parce qu’il restera un fantasme lié à trop de distance…

Mais notre amour me réconciliera avec la relation de couple. Il m’ouvrira un champ des possibles que je ne connaissais pas encore…

Entre Eric, qui a initié un véritable changement en moi, et Mike, cette âme sœur avec qui j’ai vécu une histoire d’amour intense, je ne suis plus la même quand je rentre en France… contrainte et forcée par une absence de visa.