EN QUETE DE SOI - Episode #3

Naitre Fille Désirée Garçon et le complexe de gémellité

Je me souviens d’un rendez-vous avec ma kinésiologue qui me raconte une de ces visions : moi dans le ventre maternel, à côté d’un autre embryon. Choc. Une émotion forte remonte jusqu’à ma gorge. Je ressens cet embryon, son image arrivant comme un flash dans ma tête. Un garçon, justement. Tiens, tiens…

La thérapeute évoque avec moi la sensation de ne pas être désirée fille. Elle sent qu’il y a eu un désir contradictoire de la part de ma mère. Et qu’il serait intéressant d’en parler avec elle pour vérifier son ressenti. Je pose donc la question à ma mère. Voulait-elle un garçon ? Est-elle vraie, cette vision évoquée par la kinésiologie ? Oui, ma mère avoue avoir voulu faire plaisir à mon père en désirant un garçon, bien qu’elle-même ne s’imaginait pas en éduquer un. Ils avaient même choisi un prénom masculin pour moi, et ce, bien avant la naissance puisque l’échographie, à cette époque, ne proposait pas encore cette possibilité de connaître à l’avance le sexe de l’enfant. J’ai donc été en gestation dans le ventre maternel avec ce prénom qui planait comme une ombre énergétique sur ma prochaine naissance. Cyril ou Cyrille. Ce ne sera ni l’un ni l’autre. Ma mère garde le souvenir d’une grossesse avec un ventre discret et une prise de huit kilos seulement.

Bigre, je ne prends pas trop de place! L’histoire de ma vie pendant longtemps…

L’injonction de leur profond désir a dû s’inscrire dans mes cellules au moment de la conception car j’ai grandi avec une forte domi- nance de mon principe masculin. Bref, un vrai garçon manqué, planqué sous des habits féminins.

Cette histoire de ne pas être désiré pour qui l’on est impacte fortement la conscience et les cellules. J’ai eu, pendant longtemps, l’intuition que le fœtus entendait et enregistrait tout dans son ADN. Comme souvent, j’ai cherché à vérifier mes intuitions par un travail scientifique ou médical. Au moment opportun, je croise un livre, une confé- rence, une vidéo présentant le travail d’un·e chercheur·euse.

Un embryon peut en effet sentir le désir de ses parents de manière profonde !

L’approche extraordinaire du docteur Claude Imbert sur la psychologie révolutionnaire du fœtus, sur son travail de libération des mémoires prénatales et sur la naissance me donne la confirmation de mon ressenti et des visions de la kinésiologue Claire Marquet.

Apparemment, la façon dont nous avons été désirés et conçus impacte fortement nos vies. Et le fait de ne pas être désiré peut conduire à des naissances difficiles. Les empreintes laissées pendant la gestation jouent un rôle déterminant dans le psychisme. C’est un véritable pas de géant en psychothérapie qui est franchi grâce à ces découvertes.

La lecture de ces travaux confirme ce que je ressentais : en l’absence de toute compréhension, le fœtus ou l’embryon grave des informations dans sa mémoire, qui deviendront des croyances inconscientes dans son psychisme. Si la souffrance engendrée est très forte, le bébé mettra une stratégie en place.

Quelle ne fut pas ma surprise quand j’ai lu qu’un bébé était capable de prendre une décision comme : je me débrouillerais toute seule puisque l’on ne veut pas de moi telle que je suis.

À l’âge adulte, une autre stratégie consiste à devenir parfaite pour être acceptée (courir de thérapie en thérapie pour s’améliorer sans cesse par exemple).

La principale empreinte de la vie intra-utérine est l’empreinte gémellaire, en tout cas la plus fréquente selon le docteur Imbert. C’est-à-dire qu’un ou deux ovules fécondés donnent vie à deux embryons, dont l’un meurt spontanément souvent vers la troisième semaine. La mère perd un peu de sang, mais elle est loin de se rendre compte du drame qui se joue pour l’embryon survivant.

Les conséquences sont multiples. La peur de prendre trop de place en fait partie. Une croyance inconsciente peut même naître dans l’esprit du fœtus : j’ai survécu et l’autre embryon est mort, peut-être parce que j’ai pris trop de place ? La culpabilité de vivre, la difficulté à trouver sa place, l’impression d’avancer à reculons, voilà bien des sujets qui ont fait partie de ma route.

D’ailleurs, dans mes relations, j’ai souvent cherché à fusionner, en cherchant une sorte de double. En amitié et en amour, il m’est arrivé de me sentir liée à une personne comme une jumelle le serait avec sa sœur.

Claire Marquet me guidera pour transformer cette croyance du complexe de gémellité en m’aidant à m’autoriser à prendre ma place comme jumeau survivant, sans endosser la responsabilité inconsciente de la mort de l’autre embryon. La conséquence? Ne plus avoir peur de déranger, d’être trop ceci ou cela, oser devenir artiste, m’exprimer et prendre ma place de femme.