EN QUETE DE SOI - Episode #32

Les cercles de Femmes

Tout me ramène à cette énergie féminine occultée. Personne ne m’a appris à prendre soin de moi, mais des autres, oui.

On est nombreux à avoir occulté cette énergie féminine, qui est pourtant une force de la création, une partie du Tout. Elle donne naissance à la vie. D’ailleurs mes amies mamans me montrent le chemin. La façon de s’occuper de leurs enfants me renvoie à la façon dont je devrais m’occuper de mon enfant intérieur.

C’est une image pour dire que j’avais tout en moi, et j’ai grandi en oubliant cet enfant. Mais dès que je souffre, je l’entends.

Tout comme cette femme a envie de protéger et aimer sa fille, elle doit également le faire avec elle comme si elle avait un enfant à l’intérieur. Se choyer autant qu’elle le fait pour les autres. Sinon, elle peut devenir une de ces femmes aigries à force de trop donner aux autres et s’oublier. Il ne faut jamais s’oublier. 

Dans le cercle, je suis marquée par le partage d’une maman en particulier. Cécile nous raconte combien sa fille l’a aidée à dépasser son côté mère rigide. Pourtant, elle pensait bien faire en étant dans le contrôle. Elle aurait traversé le feu pour sa fille. Mais elle a compris que l’amour signifiait lâcher prise de ses attentes et de ses peurs au sujet de sa fille. À seulement huit ans, celle-ci l’a fait halluciner par sa maturité.

(J’ai toujours pensé que les enfants étaient des maîtres, qu’ils arrivaient dans nos vies pour nous montrer ce que nous refusions de voir, car leur sincérité traverse les cuirasses de l’ego.)

Cécile explique qu’elle doit être là pour sa fille et accepter ses choix, même si elle est très jeune. Elle lui donne un cadre et de l’amour. Pour le reste, à sa fille de savoir ce qui est juste pour elle. Et à la mère de veiller au grain pour la protéger du mieux qu’elle peut, sans l’étouffer. L’écouter, savoir la guider vers ce qui est juste pour elle. Ceci est la plus grande leçon d’une maman. Elle nous confie la première fois où elle a décidé de venir à ces cercles de femmes, seule, sans sa fille. Elle se trouvait égoïste de la laisser. Mais elle devenait étouffante, vu qu’elle ne se réalisait pas en tant que femme.

Cette maman a donc décidé de vivre l’expérience de s’occuper de la femme qu’elle était pour donner le meilleur de la mère à sa fille. Ce n’est pas rien. En tant que mère, tout le monde devait passer avant. Elle avait été éduquée ainsi, au sacrifice. « Comme si tu pouvais donner le meilleur de toi en t’oubliant ! » dit-elle avec exaspération.

Bref… Elle a pleuré pendant le cercle, s’inquiétant sans cesse, culpabilisant comme une dingue. Est-ce que sa fille ne va pas lui en vouloir de l’avoir laissée chez son père plus de temps que prévu ? Est-ce qu’il va savoir gérer les urgences? Est-ce qu’elle sera en sécurité ? Prendre du bon temps pour elle lui paraissait tellement étrange!

Tellement conditionnée à l’idée qu’il fallait être une bonne mère, se sacrifier pour sa famille, se rendre disponible pour les autres, blablabla… Mais il y avait une partie d’elle qui était malheureuse. Tout ce cirque la rendait dingue.

Elle a écouté peu à peu ce qui se passait en elle grâce aux cercles et aux autres femmes. Et elle a vu combien elle projetait sur sa fille ses propres peurs. Mais sa fille allait très bien. Quel soulagement ! Après un petit moment de flottement, elle a réalisé que sa fille n’avait pas besoin d’elle tant que cela. Au fil du temps, elle est devenue une mère plus spirituelle.

Évidemment, la question n’a pas tardé à fuser : c’est quoi une mère spirituelle ?

C’est une mère qui soutient mais ne contrôle pas. Le plus beau cadeau qu’un parent puisse faire à ces enfants, c’est de devenir une personne accomplie, heureuse, dans le partage et l’amour.

Cette maman a cessé d’être la mère qui veut tout résoudre, qui veut changer sa fille, sous prétexte de savoir ce qui est bon pour elle. Elle a appris à respecter l’autre. Maintenant, elle regarde son enfant comme un être miraculeux, si petit et pourtant entier et complet. Une âme venue faire son propre chemin. Et du jour où elle a lâché prise sur sa fille, elle a aussi lâché prise sur elle. Elle s’est rendu compte qu’elle ne serait jamais parfaite et qu’elle devait juste accepter cela, se faire du bien et réaliser qu’elle devait être une mère également envers elle-même. Douce, compréhensive, mais aussi accepter la femme parfois irritée, grossière, explosive ou pourquoi pas passive… Bref, accepter ce diamant avec mille facettes dont nous parlaient tous ces livres sur la féminité.

Et là, je prends une petite claque intérieure. Depuis toujours, je cherche à travailler sur moi, comme si je devais atteindre une forme de perfection. Toujours être sur le qui-vive. Pour devenir meilleure. Mais en fait, est-ce que je ne devrais pas accepter ce que je suis tout simplement ? Apprendre à être plus douce avec moi-même ? J’ai toujours été très exigeante et dure envers moi. Trop guerrière. C’est mon surplus de yang. Il est temps que ça change.

J’en profite ici pour dire aussi un mot de ces mères et pères ayant choisi de consacrer leur vie à éduquer leurs enfants, à prendre ce temps précieux pour donner toutes les chances à un être de se développer dans de bonnes conditions. Il devrait exister un prix Nobel du parent, donné par des enfants. Parce que ce n’est pas chose aisée d’éduquer. Cela mérite d’être considéré par la société qui méprise de plus en plus la famille. À toutes les femmes ayant porté leurs enfants en leur sein, en leur ventre, à tous les parents n’ayant pas dormi des nuits entières au chevet de leurs enfants, ces moments où ils ont traversé des épreuves, vous, pères et mères donnant tout votre amour et votre sagesse, je vous admire.

Parce qu’il n’est pas toujours aisé d’aider l’autre quand soi-même on apprend à vivre.

Quand les cercles se terminent, je sens une quiétude envahir mon esprit. Je regarde chaque fois ces femmes, et un amour immense vit, lové dans le creux de mon cœur. Je le sens rien qu’en les regardant. Un filet d’argent irradie mon corps. Le ressenti profond ne me laisse aucun doute. L’énergie du tantra et de la notion d’énergie féminine divine, appelée Shakti.

Il doit y avoir une vénération du Divin Féminin, comme il y a une vénération du Divin Masculin Shiva.

Autour du cercle, je me sens l’observatrice de ce rêve éveillé où se manifestent les multiples facettes du féminin.

Mireille, la thérapeute, incarne une prêtresse avec cette belle écoute. Elle n’a de cesse de conseiller, rassurer.

Solange me fait penser à une sorcière, avec tous ses rituels et la magie qu’elle aime faire pour soulager les autres.

Clara, c’est la chamane qui canalise les messages entre les mondes visibles et invisibles mais aussi la guérisseuse avec la connaissance des plantes, des pierres et tout ce qui existe dans la nature pour guérir l’humanité.

Ingrid avec son ONG représente l’amazone impliquée dans des causes en faveur de la terre mère et ses enfants.

Isabelle vit comme la femme enchanteresse par la voie sacrée de la sexualité, initiant l’homme au tantra.

Et moi, qui suis-je dans le grand canevas à réparer, à soigner? Sûrement l’âme d’une tisseuse captant des messages de l’invisible pour les asseoir dans la matière. Et si chacune de nous était la quintessence de toutes les femmes ?

Plus je me rends aux cercles, plus je réalise que j’ai honte de prendre soin de moi. Le travail, le devoir, gagner sa vie, voir tous les malheurs du monde et culpabiliser d’être une Occidentale presque heureuse, alors si en plus je dois prendre du plaisir, c’est « péché ». Ces croyances s’agrippent à moi comme des mouches sur un étron. Il faut faire sauter tout cela. Cette voix n’est pas la mienne. Elle doit retourner dans le passé et y rester.

Ces soirées entre femmes, ces instants aux hammams ou devant un petit gâteau en terrasse, me montrent toutes ces années à oublier le plaisir. J’aime me prélasser, me faire du bien. Je découvre les plaisirs des sens depuis que j’ai rencontré Gaël.

Peu à peu, j’ai décodé ce corps, entendu ses sens et joué avec. Mais le poids du passé reste vivace car en voyant les informations placardées sur les kiosques à journaux, la misère du monde s’inscrit devant mes yeux, la sentant dans mes chairs avec toute la culpabilité judéo-chrétienne. Je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il faut que je défende le pauvre et l’orphelin. Cela donne du sens à ma vie. Le détachement appartient aux sages. Le chemin reste à faire…

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