Tout me ramène à cette énergie féminine occultée. Personne ne m’a appris à prendre soin de moi, mais des autres, oui.
On est nombreux à avoir occulté cette énergie féminine, qui est pourtant une force de la création, une partie du Tout. Elle donne naissance à la vie. D’ailleurs mes amies mamans me montrent le chemin. La façon de s’occuper de leurs enfants me renvoie à la façon dont je devrais m’occuper de mon enfant intérieur.
C’est une image pour dire que j’avais tout en moi, et j’ai grandi en oubliant cet enfant. Mais dès que je souffre, je l’entends.
Tout comme cette femme a envie de protéger et aimer sa fille, elle doit également le faire avec elle comme si elle avait un enfant à l’intérieur. Se choyer autant qu’elle le fait pour les autres. Sinon, elle peut devenir une de ces femmes aigries à force de trop donner aux autres et s’oublier. Il ne faut jamais s’oublier.
Dans le cercle, je suis marquée par le partage d’une maman en particulier. Cécile nous raconte combien sa fille l’a aidée à dépasser son côté mère rigide. Pourtant, elle pensait bien faire en étant dans le contrôle. Elle aurait traversé le feu pour sa fille. Mais elle a compris que l’amour signifiait lâcher prise de ses attentes et de ses peurs au sujet de sa fille. À seulement huit ans, celle-ci l’a fait halluciner par sa maturité.
(J’ai toujours pensé que les enfants étaient des maîtres, qu’ils arrivaient dans nos vies pour nous montrer ce que nous refusions de voir, car leur sincérité traverse les cuirasses de l’ego.)
Cécile explique qu’elle doit être là pour sa fille et accepter ses choix, même si elle est très jeune. Elle lui donne un cadre et de l’amour. Pour le reste, à sa fille de savoir ce qui est juste pour elle. Et à la mère de veiller au grain pour la protéger du mieux qu’elle peut, sans l’étouffer. L’écouter, savoir la guider vers ce qui est juste pour elle. Ceci est la plus grande leçon d’une maman. Elle nous confie la première fois où elle a décidé de venir à ces cercles de femmes, seule, sans sa fille. Elle se trouvait égoïste de la laisser. Mais elle devenait étouffante, vu qu’elle ne se réalisait pas en tant que femme.
Cette maman a donc décidé de vivre l’expérience de s’occuper de la femme qu’elle était pour donner le meilleur de la mère à sa fille. Ce n’est pas rien. En tant que mère, tout le monde devait passer avant. Elle avait été éduquée ainsi, au sacrifice. « Comme si tu pouvais donner le meilleur de toi en t’oubliant ! » dit-elle avec exaspération.
Bref… Elle a pleuré pendant le cercle, s’inquiétant sans cesse, culpabilisant comme une dingue. Est-ce que sa fille ne va pas lui en vouloir de l’avoir laissée chez son père plus de temps que prévu ? Est-ce qu’il va savoir gérer les urgences? Est-ce qu’elle sera en sécurité ? Prendre du bon temps pour elle lui paraissait tellement étrange!
Tellement conditionnée à l’idée qu’il fallait être une bonne mère, se sacrifier pour sa famille, se rendre disponible pour les autres, blablabla… Mais il y avait une partie d’elle qui était malheureuse. Tout ce cirque la rendait dingue.
Elle a écouté peu à peu ce qui se passait en elle grâce aux cercles et aux autres femmes. Et elle a vu combien elle projetait sur sa fille ses propres peurs. Mais sa fille allait très bien. Quel soulagement ! Après un petit moment de flottement, elle a réalisé que sa fille n’avait pas besoin d’elle tant que cela. Au fil du temps, elle est devenue une mère plus spirituelle.