EN QUETE DE SOI - Episode #38

La poésie, langage spirituel

« Cher mental, tu n’as rien à faire avec la poésie qui vient d’un monde où tu n’as pas accès. Il faut savoir t’éteindre pour entendre sa musique. »

Comment l’écriture peut-elle apporter tant de réconfort ? Comment la poésie vient-elle d’entrer dans ma vie ? Les livres de poètes et de grands auteurs avaient été ma tasse de thé à l’époque de mes années étudiantes. J’ai oublié l’amour que j’avais durant mes études de la langue française, de la philosophie et des belles lettres. Je me suis perdue dans le monde commercial, pragmatique et ambitieux. La poésie reflète certainement ce que j’ai rejeté : le féminin.

Cette part mystérieuse ouvre la porte à d’autres mondes. Dans cet espace, le silence se remplit de mots. Je me souviens de ma délectation à écrire une dissertation. Pourquoi avoir enfoui mon goût pour les lettres par la suite ? Pour avoir un avenir, me disait-on ! Je suis allée en faculté de langues vivantes sans savoir ce que j’allais faire. Et finalement, j’avais laissé tomber les études pour me lancer dans le monde du travail car je voulais réussir… Même si j’étais révoltée, je devais me prouver que je pouvais réussir selon la norme.

J’ai mis des années pour retrouver ce goût des lettres que j’avais perdu. Pour m’autoriser à devenir ce que j’étais depuis le début.

L’écriture m’apaise. Bizarrement, une pause cérébrale. Exceptée pour rédiger un plan ou faire des corrections, seuls moments où je perds en spontanéité. Si j’ai trop de contraintes de style, si je cherche un plan, une méthode, l’essence de cet art se liquéfie, passant en mode analytique. La magie disparaît pour laisser place à l’intellect. Guerre des hémisphères. Je préfère l’irrationnel. Moins fatigant.

Ce mental prend trop de place. S’il fallait que j’écrive pour respirer, alors j’écrirais tous les jours pour rester en vie. Car ce mental m’étouffe sous ses pensées, sous son censeur. Parfois je lui parle. Et je lui dis ce genre de choses : « Laisse vivre mon cerveau créatif. Laisse-lui prendre sa place. Et oublie-moi. Je suis lasse de t’entendre du matin au soir. Des milliers de pensées depuis des années. Cher mental, tu n’as rien à faire avec la poésie qui vient d’un monde où tu n’as pas accès. Il faut savoir t’éteindre pour entendre sa musique. Un cerveau cartésien ne peut atteindre cette sphère spirituelle. Or, tu vis dans le cerveau cartésien. Et tu prends trop de place. Je ne peux pas me frayer un chemin vers le ciel quand tu gigotes, tu parles fort, te défendant comme un fou par peur de ne plus exister. Mais n’aie crainte, tu auras toujours ta place pour les tâches qui t’incombent. Pour le reste, oublie-moi. »

Le stylo posé sur la feuille, yeux fermés, j’inspire profondément pour ne pas penser à ce que je vais écrire et laisser venir les mots sans réfléchir. Le titre arrive comme une fulgurance. Le stylo, mon guide, avance tout seul. Sensation mystique.

Je me souviens du livre Conversations avec Dieu de Neale Donald Walsh, qui relatait une correspondance entre un homme et ce qu’il pensait être Dieu. Et si Dieu était en train de me répondre ? Et si je devais y voir la réponse à ma question ?

L’écriture me sauve de l’errance et du mal-être. L’écriture m’enseigne, me donne des clés, me guide. Mon stylo devient un vecteur entre l’invisible imaginaire et la réalité…

Et parfois, la surprise d’un enseignement naît au bout de ma plume sans savoir comment j’ai pu avoir cette idée sortie de nulle part, si ce n’est du néant de l’inconscient collectif où serait niché mon imaginaire. Est-ce une sorte de réservoir à idées dans lequel je viens puiser mon inspiration sans en avoir conscience ?

Qui sait d’où vient la créativité ? Est-ce la Source qui se glisse au bout de mes doigts, qui titille mon cortex pour passer son message ? Qui sait ? En tout cas, l’écriture n’a pas fini de me surprendre… Je ne sais pas ce que je vais écrire. Mais comme d’habitude, je laisse venir les mots sans réfléchir.

L’écriture semble venir d’un espace de conscience inaccessible à la raison. Je me sens comme un canal où une main invisible tiendrait le stylo et me guiderait dans mon écriture. Et particulièrement dans la poésie. Il y a quelque chose de magique. Spirituel. Profond. Impénétrable. Gratitude. Oh oui. Gratitude d’avoir ce don, cette capacité à recevoir. Finalement, j’entends mon féminin. Il s’exprime par ce canal.

L’écriture n’est que le reflet de mon intime, de ma connexion intérieure, le chemin spirituel. Oui, je crois que c’est une façon de le vivre. Je me sens si bien, après l’écriture. Comme apaisée. Et cette écriture me montre la route vers plus de paix et d’acceptation.

Je noircis des pages de mes angoisses, vide mon sac chaque fois que je m’égare, que je perds pied. Je m’accroche à elle comme une naufragée à sa bouée. Je plonge dans les délices de la liberté. Liberté du ton, des mots, de l’univers que je crée dans cet espace sur mon écran ou sur un carnet. Je donne vie à tout ce qui m’op- presse et m’en débarrasse.

Je peux ensuite passer à autre chose. Décider que mon monde sent bon, qu’on y vit heureux. Que les guerres n’y existent pas. Je peux imaginer le monde dans lequel je décide de me plonger. Et personne ne peut m’en empêcher.

N’est-ce pas pour cela que nous aimons tant entendre des histoires, voir des films, lire des livres? Nous plonger dans une histoire pour ressentir des émotions. Notre vie n’est-elle pas un roman à écrire ? Une histoire à inventer chaque matin? Avons-nous le choix de créer un quotidien merveilleux ou dramatique ?

Il semble que nous avons une puissance créative ignorée. Je peux vivre autrement. Et l’écriture me montre la route. Si je ne peux l’entendre par la raison, alors le cœur lui, saura me guider vers plus d’authenticité et d’amour. Car finalement, je ne cherche qu’à aimer.

Je souhaite tant aimer à chaque instant. Je veux aimer. Aimer mal peut-être, mais aimer. Je ne veux plus juger, critiquer. Je veux juste être une femme qui aime. Que mes proches se sentent en sécurité près de moi. J’aimerais être cette femme-là.

Et la spiritualité, cette pratique de l’écoute intérieure me montre le chemin. Au-delà des religions, il y a la foi. Et pour trouver la foi, il faut dépasser les barrières mentales que j’ai érigées autour de moi pensant me protéger.

Je suis là pour vivre des expériences sans les analyser. Ce n’est pas la solution. La méditation m’ouvre à une dimension plus grande que l’analyse.

La poésie m’appelle. J’entends les mots valser dans mon cortex. Elle me traverse comme une fulgurance de plus en plus souvent. Jouissance. Écrire d’un trait. Sans réfléchir. Comme traversée par la grâce. Je donne vie. Comme une mère. Les mots jaillissent de mes mains sans aucune résistance. Fierté. Bonheur. Même si personne ne lit mes mots, je sais que cet acte créatif me répare autant qu’il me procure du plaisir. Je suis née pour créer, pas pour travailler. J’en suis convaincue. Je n’imaginais pas pouvoir me sentir si heureuse, seule, derrière mon écran. Et la maternité n’est pas l’unique voie pour donner vie.

Toute création peut exalter l’intime pour en faire une œuvre. Quelle qu’elle soit. Sans jugement de valeur. Parfois juste pour soi. Parfois avec un peu de chance, pour les autres. Parce que sans partage, la vie n’a pas la même saveur. Et créer uniquement pour moi ne me suffit pas.

Je dois donner ce que je reçois…

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