EN QUETE DE SOI - Episode #15

La course au développement personnel

« La souffrance me sourit

pour qu’enfin je dise oui

Oui à ma vie, à mes envies

comme une petite souris

Je l’invite à grignoter un morceau du bonheur

Car sans souffrances, puis-je atteindre le meilleur ? »

Extrait de la chanson « La paix attend son heure », Ô Féminin (auteure- interprète EstElle Penain, compositeur David Keler), présente sur le CD bonus du livre Naitre Fille Devenir Femme – Leducs Editions.

Cette lecture d’âme m’a ouvert une nouvelle voie. J’ai envie d’avoir une vie normale. De ne plus me poser de questions. La plupart des personnes autour de moi constatent que le monde ne tourne pas rond, mais tant qu’ils ont un toit, à manger et des vacances en famille, rien ne semble vraiment les perturber. Moi, je ne peux pas me coucher sans me sentir un minimum concernée par mon prochain. Et pourtant, la solitude semble gagner du terrain dans ma vie. Je suis souvent déçue par les relations humaines. Le système destructeur. Je n’ai plus envie de travailler en entre- prise. J’aspire à assouvir cette envie d’être utile et créative. Tenaillée par les peurs, je ne sais pas par quel bout m’y prendre.

Depuis plus de neuf ans, je dépose mes questionnements chez différents thérapeutes, bien qu’on ne m’ait diagnostiquée ni bipo- laire, ni psychotique, ni névrosée.

Je suis devenue mon propre laboratoire pour explorer la conscience. Je suis en quête, une chercheuse du Saint Graal.

Mon intérêt pour la psychologie, la sociologie, l’humain dans sa globalité et tout son mystère me pousse à chercher la voie du salut par de nouvelles techniques à travers des conférences, stages, lectures, rencontres. Je me suis passionnée pour le bien-être et la spiritualité. Un de mes moteurs reste cette sensation désagréable de culpabilité de vivre, toujours dans un coin de ma tête. Si je ne suis pas heureuse, alors que les autres ont tellement l’air d’aller mieux que moi, c’est que je suis sûrement coupable…

Je fonce comme je peux dans tout ce qui pourrait m’aider à trouver ce foutu bonheur ! Je participe à des conférences et des séminaires jusqu’à l’overdose.

Je cherche un sens à ma vie. Mais l’amour et le pardon ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval. Et pour le moment, je suis plutôt en colère et pleine d’anxiété sur l’avenir. Je cherche, en vain… parce que je cherche avec la tête et non avec le cœur.

Je ne connais pas le chemin pour aller de la tête au cœur. Personne ne m’a montré. Alors j’essaie de comprendre ces sentiments à travers l’intellect, à défaut de les vivre, avide de connaissances pour me rassurer.

Je suis trop en colère ? Un séminaire sur la communication non violente de Marshall Rosenberg pour apprendre à converser sans attaquer l’autre.

Je veux oublier certains traumatismes ? Quelques mois avec l’EMDR.

Je veux faire du bien aux autres ? J’apprends des techniques de massage pour soulager les gens. Et je masserai pendant un temps.

Je veux chasser les pensées négatives qui m’empêchent d’être heureuse? J’essaie des outils de développement personnel… Mais plus j’essaie des techniques, plus je doute du mental. Il semblerait qu’il ne suffise pas de répéter une technique pour qu’elle devienne efficace. En tout cas, sur moi, ce n’est pas fulgurant.

Pourtant, je suis bonne élève, je m’applique. Mais l’idée qu’il faille fournir autant d’efforts me paraît suspect. En effet, dans cette forme de contrôle sur soi, quelque chose m’asphyxie plus qu’il ne me libère. Voudrais-je être parfaite sans m’en rendre compte? C’est vrai que j’ai pris cette décision à huit ans. Mais je ne m’en souviens pas.

J’ai compris que je pouvais endosser plusieurs personnages en une vie. Tout à tour victime, sauveur ou bourreau, il faut déjà en prendre conscience et décider que je serais 100 % responsable de ma vie.

Pourtant, j’entends ma petite voix intérieure, sorte de juge incessant, me rappeler que je ne suis pas responsable de certaines situations où j’ai été violentée avec des mots, des gestes, rejets, situations d’échec. C’est bien un peu la faute des autres, non ? Eh bien, apparemment non, les diverses approches théra- peutiques intègrent l’idée que chacun de nous est responsable de sa vie, que nous activons inconsciemment des situations pour dépasser nos peurs, que les autres sont des miroirs, des facettes de notre personnalité et qu’en nous confrontant aux autres, nous nous confrontons à regarder notre monde invisible, nos défauts et qualités.

Comme si on était responsable de tout! C’est un peu lourd à porter, non ? Et pour couronner le tout, les douleurs de mes règles s’intensifient au fur et à mesure que je touille mon chaudron inté- rieur, que je casse les barrières. Super !

Commence une période où j’écris des injonctions pour me sentir mieux. Pour inverser ce que j’ai appris. Passer du « sois forte » à quelque chose de plus doux. Mais lire tous les soirs des phrases avant de m’endormir (au cas où cela fonctionnerait), c’est un peu encore me violenter pour atteindre l’inaccessible étoile…

En gros, je suis toujours en train de vouloir travailler sur moi. Une boulimie pour me transformer.

J’ai tellement envie de me sentir en paix ! Mais je n’y arrive pas. Parfois, par intermittence, des moments de légèreté ponctuent un quotidien fait d’angoisses sur l’avenir, alternant des périodes de chômage et de travail. Le paradoxe de l’être humain. Être anxieuse par nature et vivre une vie d’incertitude permanente. Cherchez l’erreur !

#Poème Biographique

#Poème Biographique

Le poème biographique de Sylvie Castioni, photographe. Après l’avoir interviewée, j’écris sa vie en quelques rimes pour la présenter à ses invités. Une façon originale de partager son parcours.

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